L’angoisse

La crise d'angoisse ? Qu'est ce que c'est au juste ?

La crise d'angoisse est avant tout un état d’inquiétude qui se traduit par un malaise psychologique et physique, par une tension interne, un sentiment d’avoir une pression sur la poitrine ou encore une boule au ventre, par des pensées catastrophiques, incontrôlables, une accélération vertigineuse des idées. Le paroxysme de la crise d'angoisse, c'est d'être persuadé que l'on va mourir qui se traduit par des symptômes physiques et psychologiques importants. Que l'on se rassure, on ne meurt pas de crise d'angoisse. Dans ce cas précis, il est judicieux de se faire accompagner par son médecin traitant (les médicaments ont aussi leur vertu même s'ils ne doivent pas constituer une fin en soi dans le cas présent). Cependant, un travail thérapeutique est nécessaire en parallèle pour apprendre à gérer ou résorber ses crises d'angoisses puis peu à peu supprimer l'aide médicamenteuse proposée par son médecin traitant.

La manifestation de l’angoisse

La manifestation de l’angoisse diffère selon les individus. Il y a différentes étapes avant d'accéder à la crise d'angoisse.

Au prémisse de l'angoisse, il existe le stress qui traduit en réalité la préoccupation ponctuelle qu’on ressent à l’occasion de certains évènements, qu’ils soient positifs comme la remise de diplôme, l’organisation d’un anniversaire, d'attendre un enfant, une heureuse nouvelle ou négatifs comme un conflit conjugal, des difficultés professionnelles, une nouvelle indésirable qui peut paraître pourtant anodine pour une autre personne. C'est ce qu'on appelle l'élément déclencheur. La verbalisation des difficultés auprès d'un thérapeute peut permettre un soulagement de l’inconfort de la situation.

Le stress ponctuel déclenché au cours d'un événement singulier peut se diriger peu à peu, à travers le temps vers une anxiété de plus en plus présente, perturbante allant jusqu'à ce que je nomme une angoisse plus ou moins sévère, une situation récurrente puis elle se manifeste par des symptômes physiques plus ou moins invalidants comme des troubles digestifs, des douleurs diverses et amène souvent à des conduites d’évitement. L’angoisse sévère entraîne d'ailleurs des répercussions dans la vie quotidienne, son travail, sa vie privée. Il est généralement difficile pour l’individu qui souffre de désigner les causes précises qui sont à l’origine du mal-être. Une aide psychologique extérieure est souvent nécessaire pour soulager les symptômes.

Une angoisse très présente dans la vie quotidienne se traduit parfois avec le temps et ponctuellement mais de plus en plus fréquemment en une angoisse intense qui traduit une profonde souffrance pouvant aller à des paniques incontrôlables, une accélération cardiaque, le fonctionnement global est altéré dans son ensemble. L’individu perd littéralement contrôle de lui-même ; on observe rapidement une perte de contact avec la réalité, on peut constater un phénomène de repli sur-soi-même. L’aide d’un thérapeute est alors indispensable dès qu’apparaissent les premiers symptômes.

Comment l'angoisse peut se construire ? 

Il existe de nombreux paramètres favorisant la construction et le développement de l'angoisse. Seuls quelques-uns sont abordés ci-dessous.

Il y a l'angoisse qui se déclenche suite à un événement traumatisant, un choc traumatique, une scène que l'on n'aurait pu imaginer vivre avant que celle-ci surgisse dans notre vie. 

Le paramètre de l'âge est aussi un élément à prendre en considération. A 30 ans, nous sommes capables d'ingurgiter une quantité plus grande de stress diversifiés qu'à 60 ans. Si nous n'acceptons pas le rythme de notre vie en fonction de notre âge, il est fort possible qu'à moyen terme, nous déclenchons des angoisses de plus en plus pressantes allant jusqu'à la crise d'angoisse. Mais il s'avère tout de même que dans la plupart des cas, selon mon expérience, on retrouve la genèse de cette angoisse et son cheminement au cours de notre enfance même si les symptômes psychosomatiques se déclenchent tardivement au cours de notre vie. Même si l'angoisse a pris place, peu à peu, à travers le temps, elle a tout de même été bien gérée par le sujet, d'autres paramètres comme une confiance en soi grandissante au contact d'un environnement sécurisant dans son monde d'adulte a certainement favorisé, que le sujet s'en aperçoive ou pas, un équilibre psychologique conséquent et résorber de manière flagrante l'angoisse du fonctionnement psychique de la personne capitalisée lors de son enfance. Le corps s'use à travers le temps, notre esprit symbolisé par notre cerveau et les circuits se rattachant à son fonctionnement aussi, une ré-adaptation régulière est souvent nécessaire durant nos différents pans de vie afin de conserver un équilibre psychique adéquate, empêchant l'individu de glisser, même tardivement vers une angoisse prépondérante.

 

Je vais maintenant évoquer "l'angoisse cumulé chez l'adulte" qui trouve sa genèse et son cheminement dans l'enfance.

Le stress intervient chez autrui tel une réaction à la suite d'une action, d'un événement. Enfant, on reçoit ce genre de phénomène par l'interaction avec l'autre ou aussi par la découverte et l'apprentissage du danger. Il est perçu consciemment et inconsciemment. C'est la partie inconsciente qui va ici m'intéresser par sa représentation dans l'individu. La cloche ou la sonnerie de l'école sonne, les enfants se dépêchent de se mettre en rang avant de rentrer en classe. C'est une action qui amène une réaction de l'enfant, un petit stress où son corps, son émotion s'interrompt soudainement alors qu'il était entrain de jouer dans la cour de récréation par exemple. C'est une sentiment qui n'est pas forcément agréable à ressentir, interrompu dans une activité désirée mais cela fait partie de son apprentissage et de son conditionnement. Il n'y a à ce stade aucune répercussion dramatique.

Là où le stress commence à se confondre et s'assimiler à l'angoisse c'est lorsqu'elle surprend l'enfant, elle n'est pas comprise dans son apprentissage, elle se développe accompagnée d'un sentiment de malaise, une situation obscure, sans réponse, à son insu.

Voici un exemple;

Un petit enfant rentre de l'école, content de retrouver sa maman. Il fait ses devoirs, mange avec ses frères et sœurs. L'aiguille de l'horloge avance peu à peu. Le père de famille ne va pas tarder à rentrer. La maman devient peu à peu de plus en plus nerveuse, un événement va survenir; le papa ne va pas tarder à rentrer du travail. Une cassure apparaît telle le bruit d'un marteau raisonnant sur son socle, un outil utilisé par le juge pour taire les bruits du débat et affirmer son autorité. La maman va se cristalliser, l'enfant perçoit le changement grandissant de sa mère. Il observe, sans comprendre ce qu'il perçoit, il ressent des sensations négatives sans pouvoir en prendre conscience. Un profond malaise s'installe à l'extérieur de lui pour se projeter à l'intérieur de lui. C'est le début d'un sentiment d'anxiété, un sentiment qu'il ne saurait définir, étant trop immature dans la conscience de sa perception et de son raisonnement. 18h30 ! L'horloge sonne, d'un coup strident, percutant, annonçant la venue du père de famille. Les secondes sont interminables. Un silence en dehors du temps s'installe, chacune des personnes prenant position dans la maison, chacun jouant un rôle qui n'est pas le sien tel une scène de théatre pour répondre au désir de la personne qui ne va pas tarder à faire son entrée magistral. Et enfin, on entend le bruit lointain se rapprochant peu à peu pour tout d'un coup, rompre cet instant indéfinissable par le bruit des clés s'infiltrant dans la serrure; la porte de la maison s'ouvre pour laisser place à un monsieur, tenue impeccable, le regard sombre, glacial et distant. L'espace, le temps se fige dans l'infini de cet instant. A l'intérieur de cet enfant, le malaise s'installe de plus en plus profondément pour envahir peu à peu toutes les pièces. Le papa rentre dans la maison, glacial, froid, fatigué, nerveux, angoissé puis cherche à s'approcher de la mère, sa femme, elle aussi glaciale, mal à l'aise, anxieuse, presque paralysée. L'enfant est là, impassible, ne se sent pas du tout à sa place, comme le sentiment d'un verre à moitié vide ou servi de moitié, une sensation de trop ou de pas assez. Il est content de voir son papa mais en même temps il redoute sans savoir pourquoi la situation. Il assiste mal à l'aise, impuissant. Il aimerait être ailleurs ou peut-être là où il est mais différemment. Il éponge l'angoisse grandissante et présente de ses parents et s'en approprie avec son propre ressenti, son histoire qu'il n'a pas choisi. Cette sensation quand elle a lieu une fois a très peu d'impact et finit même par disparaître, elle est d'ailleurs anodine si elle n'a lieu que rarement. Dans ce cas précis, l'enfant reçoit cette émotion à travers son quotidien et de nombreuses scènes diverses mais similaires dans la perception de l'enfant. Il s'en approprie malgré lui dans un fonctionnement psychique où il ne connaît pas encore son fonctionnement interne. Ces sensations vont être refoulées et ressurgissent pour voyager à travers le temps et former peu à peu un phénomène d'angoisse de plus en plus oppressant, sans qu'il sache comment et pourquoi et à quel moment cela arrive; une sensation déclenchée par des évènements déclencheurs, sans relation pourtant apparente, provoquant une réaction psychique involontaire entre son conscient et son inconscient sans en avoir conscience. 

Même si le milieu intra-familiale dans le cas évoqué ci-dessus est un paramètre prépondérant au developpement de l'angoisse chez le sujet, il s'agit seulement de comprendre sa construction sans tenir obligatoirement reponsable un proche. Comprendre pour mieux se détacher de l'angoisse, se positionner pour s'en libérer et s'en émanciper.