Les rêves

Le rêve a un fonctionnement qui lui est propre. Je vais essayer d’avoir un discours descriptif et simple pour vous faire comprendre la complexité du phénomène du rêve. Il se produit durant le sommeil. C’est une manifestation de l’inconscient du sujet dans un moment proche, celui de son sommeil qui le renvoie à un manque pouvant traduire un déséquilibre plus ou moins refoulé par le conscient.

Pouvoir analyser ses rêves, c’est se donner la possibilité d’accéder à son inconscient afin de pouvoir agir ou de comprendre là où on en est dans notre présent(ce n’est pas le seul élément mais ici je ne vais accorder que de l’attention aux rêves). Notre conscient repousse et refoule cet aspect et le rêve le révèle.

Qu'est ce que veulent dire nos rêves ?

Les rêves ont un aspect très intéressant. Il est judicieux même si on ne les comprend pas dans un premier temps de les écrire. C’est un outil révélateur.

Le contenu du rêve désigne le rêve dans sa description abrupte, tel qu’il est, sans désir d’analyse avec le maximum de détails précisant l’environnement, les personnages et la sensation interne face à chacun des évènements. Un rêve est personnel et une connaissance de soi-même est nécessaire pour pouvoir en tirer profit.

Quel est le rapport entre le rêve et la réalité ?

Il se déclenche par un évènement qui a lieu dans un espace-temps rapproché. C’est l’élément déclencheur. Dans la journée précédent votre rêve, vous avez regardé un film, vous vous êtes disputé, vous avez eu une discussion apparemment paisible avec un de vos proches mais l’un de ces cas est l’élément déclencheur qui va exprimer et se rattacher à un manque traduit par une angoisse, un désir, une peur, un effroi dans votre sommeil.

Les éléments de votre rêve sont des déplacements, les personnages peuvent être réels ou pas mais le rêve vit dans la symbolique. Vous avez des images et non des pensées et une relation sensorielle avec ces images décrivant des situations. Il va falloir verbaliser son rêve, tel qu’il est. Dans un second temps, il va falloir étudier la symbolique par rapport à votre situation présente. La signification est multiple mais tourne toujours autour de vous. Le rêve veut vous signifier un ressenti différent de celui que vous ressentez consciemment. L’espace temps n’existe pas dans le rêve. Quand je parle de l’espace-temps…même si vous rêvez d’une petite fille et que dans la symbolique, elle signifie qu’il s’agit de vous, cette petite fille est vécue dans le présent et non dans le passé, ce qui d’ailleurs explique pourquoi le rêve peut-être si intense. Peu importe l’évènement, tout se déroule dans le présent. Tout est déplacement, condensation et symbolique !

Un exemple de rêve et son interprétation

Une jeune femme est allée avec une de ses sœurs au restaurant. Le menu était resplendissant. Elles étaient dans un bel endroit, magnifique mais elle ressentit comme un malaise, sans pouvoir décrire la nature du malaise. Sa sœur semblait en pleine forme, ne se rendant pas compte de l’environnement émotionnel. Aucun des serveurs ne lui adressaient la parole. Le restaurant était silencieux, pourtant, elle n’était pas seule à manger. L’ambiance était glaciale. Elles mangèrent à leur faim et au moment de payer l’addition, elle s’aperçue que l’addition était hors de prix, hors de son budget. Elle était dans l’incapacité de payer. Un sentiment de honte l’envahit. Elle s’enfuit et courue éperdument. Elle se retrouva dans une tempête, la pluie tombant abondement. Elle allait chez sa mère, voulant la retrouver coûte que coûte. Mais plus elle se rapprochait de la maison maternelle, plus la pluie devenait intense. Jamais elle ne put arriver à destination, dans la maison de sa maman. Elle se réveilla en sursaut.

L’interprétation d’un rêve ne peut être généralisé, il doit s’effectuer avec l’historique de la personne.

Questions : quelle est la symbolique du restaurant, du repas, quelle est la relation avec cette sœur, que symbolise le coût exorbitant de l’addition, l’impossibilité de payer ? Que signifie cette fuite, cette tempête, pourquoi vouloir retrouver sa maman, pourquoi n’y est-elle pas parvenue ?

Il s’avère que cette jeune femme devait passer un examen professionnel très prochainement. Elle avait parfaitement préparé son mémoire. Elle le connaissait sur le bout des doigts. Elle était dans sa conscience, confiante dans la réussite de cette épreuve. Elle s’était détendue la veille en regardant un film au côté de son mari pour se changer les idées. Elle avait d’ailleurs bien travaillé toute la journée, elle estimait qu’elle avait droit à un moment de détente. Durant ce film, elle assista à une scène où les protagonistes se rendaient au restaurant. Cela fut le moment déclencheur dans lequel son sommeil ira se fixer un peu plus tard. Ici le restaurant avec son menu symbolise son travail. Il s’avérait que cette sœur était son ainée. C’était une sœur aimante, confiante qui a toujours été bienfaisante à son égard. Durant toute son enfance, elle l’avait toujours soutenue, telle une seconde maman dans les diverses épreuves de sa vie. Sa présence n’est donc pas un hasard. En faîtes sa sœur n’était pas réellement invitée par elle. Sa sœur était venue soutenir son repas, « son projet professionnel ». Les serveurs, muets symbolisent le Jury, ceux qui devaient valider son projet professionnel. L’aspect glaciale reflète la relation qu’elle ressentait face à un tel évènement, symbolisant l’angoisse et la peur d’échouer. La relation avec le dîner somptueux est la symbolique de tout son travail. Mais son angoisse face à ce somptueux repas mettait en ambivalence la sensation interne de se demander si elle avait réellement assez travaillé son projet. Sa sœur ainée symbolise, l’accompagnement dans cette épreuve, elle la rassure, elle répond donc à un besoin d’être rassurée qui répond à un besoin.

L’addition trop élevé caractérise la sentence, l’échec. Intérieurement, elle vivait donc dans son rêve la représentation de son projet comme une étape trop haute pour elle. La fuite caractérise ici la honte d’avoir échouer, déçue sa sœur et elle-même, de n’avoir pu être à la hauteur. Rejoindre sa maman sans jamais pouvoir y parvenir, c’est son désir éternel, l’espoir d’être reconnue par sa maman dans la relation affective, un manque d’affection, de reconnaissance affective qui restera sans issue puisqu’elle ne parviendra jamais à la rejoindre, perdue dans les troubles de la tempête. La sœur ainée répond à un manque de reconnaissance maternelle, telle une béquille dans sa réalité mais cela semble insuffisant à travers l’angoisse de l’évènement que ressent la protagoniste.

Dans ce cas précis, elle n’échouera pas à son examen mais peu importe pour la compréhension de son rêve. L’intérêt de ce rêve est la relation qu’elle éprouve avec son projet, l’angoisse persistante malgré son travail dû à un manque affectif avec sa maman, une reconnaissance absente qui lui manque par défaut pour affronter avec sérénité les épreuves de la vie. Le travail suivant se situera donc autour de sa relation avec sa mère associée au manque de reconnaissance maternelle. Elle commence au restaurant et elle finit avec sa maman. Voilà où l’inconscient peut nous emmener. 

Un rêve doit seulement être décrit et approuvé dans l'interprétation par l'analysant même si le thérapeute l'aide en lui procurant des éléments, des pistes pour la compréhension interne de son inconscient. Il ne s’agit pas pour l’analyste d’interpréter ou d’orienter la perception du patient. L’analyste est là pour poser des questions pouvant amener à l’analysant un éclaircissement de la situation et un autre point de départ dans sa recherche personnelle.

LE RÊVE ET SA COMPREHENSION

« L’interprétation des rêves « écrit par Sigmund Freud en 1900 est l’accouchement d’une nouvelle science, celle de la psychanalyse. C’est l’emplacement d’une réalisation hallucinatoire d’un manque associé à un désir. Il arrive pourtant fréquemment que nous éprouvons des difficultés à comprendre nos rêves. Il nécessite d’être déchiffré et décortiqué dans la singularité de l’individu en liaison à son histoire. On va s’intéresser particulièrement au rêve qui exprime une dimension hallucinatoire dans l’expression d’un désir lorsqu’il s’apparente aux fantasmes. L’association libre constitue un élément de notre pensée où l’inconscient s’exprime par un déclencheur qui le relie au passé. Dans la plupart du temps, le rêve relie le présent à la période de l’enfance. C’est en contact avec Breuer, un médecin plus âgé, qu’il lui signala le cas d’une jeune femme hystérique Anna O qui lui confia, sous hypnose ses fantasmes et ses préoccupations qui déclenchèrent ces symptômes. La partie incontrôlable de l’esprit, qu’il nomma l’inconscient refermait donc de multitudes secrets pouvant agir sur la psyché de la personne. Le phénomène de répétition prend toute son importance dans l’intensité de sa dimension et des répercussions sur le sujet. Le rêve est l’expression d’une déroute inconsciente du ça pulsionnel. Freud découvre que les enfants ont une vie sexuelle et des théories infantiles sur la sexualité en s’interrogeant et en fantasmant de leur propre création. Les fantasmes perdurent à l’âge adulte, il remarqua que durant la cure analytique des patients, la narration de leurs rêves par l’association libre permet d’accéder dans leur description de leur inconscient à la compréhension de l’histoire du sujet et de leurs fantasmes. Ils constatent que les rêves de névrosés sont semblables à ceux de tous en exprimant de manière hallucinatoire la réalisation fantasmagorique des désirs inconscients. La cure psychanalytique resitue le désir actuel exprimé par le rêve et des traces toujours actives des expériences et des désirs de l’enfant qui fut jadis le rêveur. Le rêve relève d’un paradoxe, celui de ne pas savoir ce que le sujet sait, le refoulement, il est le retour de pensées indésirables, l’expression d’un désir méconnu. Il est indispensable de connaître les associations du rêveur. Selon Freud, le rêve comporte plusieurs fondamentaux comme l’accomplissement d’un désir, l’importance de chaque détail et son sens, dans son rêve fantasmagorique apparaît aucune notion de reproche, une logique en dehors de celle de la norme habituelle, l’expression des dilemmes liés au désir sont représentés sous forme de contraste. Les rêves les plus fascinants sont la complication de ces rêves élémentaires. Auprès des enfants, la manifestation des rêves exprime et sont une réaction à des désirs interdits puis refoulés qui peuvent donner une dimension fantasmagorique. Le point commun entre tous les rêves est la particularité de leur déguisement. On assiste à une déformation des désirs tels qu’ils se manifestent dans le rêve. Le rêve peut être non voilé, je vais m’attarder à la notion du rêve qui exprime un désir méconnaissable, déguisé. Lors de ce phénomène, on assiste à une défense contre lui, le rêve n’a pu s’exprimer que déformé. C’est la censure psychique que la déformation du rêve veut déjouer. Deux grandes forces concourent à sa formation, des tendances qui construisent le désir exprimé par le rêve et le système qui censure le rêve en déformant l’expression de ce désir. Cette dernière instance, celle qui censure permet l’accès du rêve à la conscience. La source du rêve est d’origine infantile. Durant l’enfance, ces désirs se sont fixés et exprimés pour ressurgir dans l’adulte sous forme de pulsion. Cette pulsion existe chez l’enfant dans une expression partielle et évolue à travers le temps en corrélation avec la maturité biologique de l’adulte qui peut prendre figure de fantasme. Les rêves fantasmagoriques récurrents et donc répétitifs, indépendamment des modifications récentes environnementales sont d’origine infantile sous-jacente. Freud évoque le rêve comme un rébus qui introduit l’étude des relations qui unissent le contenu manifeste, si souvent trompeur, au contenu latent, si souvent déguisé et rendu méconnaissable. C’est cet aspect qui attire particulièrement son attention. La condensation est l’expression inconsciente de diverses idées, émotions et souvenirs qui se compressent en une seule image ou un symbole. Le déplacement prête parfois à confusion dans leur interprétation. Les éléments essentiels sont parfois mis au second degré peuvent être d’une importance primordiale. L’inconscient provoque un transfert afin de brouiller les pistes à ce qui n’est point nommable dans la réalité et provoque un déplacement des intensités psychiques et représentations internes. Ce déplacement est le procédé essentiel de la déformation qui fait que le contenu manifeste du rêve ne ressemble plus au noyau des pensées du rêve. Il y a donc influence de la censure à l’intérieur de l’inconscient. Le manifeste du rêve est le contenu tel qu’il se manifeste chez le rêveur qui en fait le récit. Le rêve correspond au processus primaire de la pensée, l’expression de la pensée inconsciente qui s’oppose au processus secondaire qui s’associe à un processus d’un raisonnement logique. L’intensité du rêve n’est pas conservée dans le rêve manifeste. L’intensité est représentée par les éléments qui renvoient à l’accomplissement du désir. Le renversement et les contrastes peuvent être l’expression des contradictions ou de la négation. Le renversement peut exprimer la censure. Le matériel du rêve doit donc subir de multiples transformations pour la formation d’un rêve. La symbolique est surabondante pour figurer le matériel du rêve. La possibilité d’interpréter un rêve dépend du rapport des forces entre la résistance des forces psychiques qui ont déformé le rêve et le mouvement pulsionnel d’expression du désir jusque-là refoulé.  La régression désigne le fait, que dans le rêve, la représentation et la pensée inconsciente retournent à l’image sensorielle dont elles sont initialement issues. En résumé, la régression dans le rêve est multiple, elle est formelle du fait d’un passage de la pensée à l’image hallucinatoire, qui se manifeste par des modes primitifs d’expression et de figuration, elle est dite topique, du fait du passage du lieu psychique de la conscience à celui des inscriptions inconscientes, elle est enfin temporelle puisque de ce fait l’infantile est ravivé et que le rêve réutilisé des formations psychiques antérieures. Le désir conscient ou actuel ne suscite un rêve que s’il parvient à éveiller un autre désir, inconscient et lié à lui par quelque ressemblance, par lequel il se retrouve fortifié. Par la suite, le désir représenté dans le rêve est nécessairement infantile car il vient des impressions psychiques profondes anciennement inscrites, des traces mnésiques ainsi ravivées. Le rêve possède une caractéristique égocentrique, je dirais même égoïste. Le rêve met toujours la personne du rêveur en scène de façon exclusive, directement ou par condensation avec d’autres personnages. Le rêve est fondamentalement narcissique, non seulement parce qu’il s’effectue pendant le repli sur soi du sommeil mais aussi parce qu’il donne à voir au dormeur sa propre réalité psychique, dont il est toujours lui-même le centre d’intérêt essentiel. Freud définit non pas l’homme par sa conscience mais par ses désirs. Les forces qui poussent le vivant à obtenir satisfaction ne sont pas chez l’homme ; à la différence de l’animal, de simples instincts suscitent un comportement prédéterminé mais des forces capables de se transformer.

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