Le Surmoi


Il est indéniable que le surmoi est essentiel dans le développement de l'enfant dans son rapport aux désirs, ce qu’il peut réaliser ou pas, ce qu’il peut entreprendre et projeter. Le rôle et l’impact des parents ou de leurs substituts définit la limite, les interdits, les règles de ce qui peut s’effectuer ou pas dans la relation de l’enfant à l’objet, l’autre. Toutes ces règles vont s’intérioriser inconsciemment et consciemment pour constituer le surmoi. L’idéal du moi va déterminer l’objectif, le but. Le surmoi va déterminer la voie, le moyen pour y accéder. Le surmoi caractérise la forme par laquelle le désir peut être effectué sans se juger soi-même. Elle représente symboliquement « la loi intérieure » et par là-même est capable de maintenir le refoulement des pulsions dans le ça dans un désir de bien agir et de bien faire. L’équilibre psychique du sujet est l’adéquation d’un ça et d’un surmoi en consonance relative produisant un moi cohérent et productif subordonnée par la relation consciente et inconsciente chez un même sujet qui se veut fluide et qui travaillent ensemble afin d’amener une certaine harmonie chez le sujet.

 

La construction du surmoi dans la topique freudienne

D’après Freud, le moi n’est pas la seule résultante d’un ça modifié. A travers la publication de ses recherches, « Pour introduire le narcissisme (1914) et Psychologie des foules et analyse du moi (1921) », il met en évidence l’existence d’un idéal du moi qu’il surnommait plus précisément un peu plus tard, le sur-moi. Dans un premier temps, il considère cette instance dans une fonction qui représente exclusivement l’épreuve de réalité. Il réalise que cette partie du moi est en relation moins étroite qu’avec la conscience que ce qu’il pensait auparavant. A travers son livre « Le moi et le ça (1923) » il aborde la notion du surmoi et les étapes de construction qui l’amènent à son élaboration. Le surmoi est aussi la résultante d’une partie inconsciente de l’enfant face à une situation, celle avec laquelle il doit faire face, assimiler, s’adapter et assimiler. Elle débute rapidement par la notion d’identification à l’objet, le changement d’objet. Un traumatisme qui va influencer un principe de réalité postérieur au principe du plaisir et va l’emmener dans une situation mélancolique par la perte de l’objet, le sein maternel. Ce sont les débuts, les prémisses de la constitution inconsciente du moi, une règle qui va influencer son état, une règle qu’il subit et va l’aider à commencer à se construire. L’enfant se forge, sans qu’il s’en aperçoive, il est la résultante d’ailleurs et bien plus de manière inconsciente que consciente. Il s’édifie peu à peu, dû à l’environnement essentiellement familial accompagné de la maturité biologique du sujet. Dans un premier temps, lors du stade oral, l’identification et l’investissement d’objet constituent un tout. La situation est globale, compacte, sans nuance. Le sujet se confond avec l’objet. C’est seulement un peu plus tard, quelques mois après la naissance, que l’on peut observer chez le petit enfant que les investissements d’objet partent du ça, là où il commence à ressentir les plaisirs érotiques comme des besoins. Le caractère du moi se forme aussi par la contrainte ou le changement de l’abandon de l’objet comme lors de la phase du sevrage. Au départ, le petit enfnat développe un réel intérêt pour la maman. Il investit totalement la relation, développée par l’objet du sein maternel qui renforce le lien d’attachement. Il adhère à l’objet ou il tente de s’en exclure par le processus du refoulement, en substituant cet objet, le manque par un autre objet. Il investit le père par l’identification, celui-ci représente un modèle. Cet objet représente un interdit et va modifier le moi. Chaque parent à son rôle et son territoire et sa place. Puis peu à peu, la sexualité doublé par une maturation biologique prend effet à l’intérieur de l’enfant. Le désir à l’égard de la mère s’en ressent et le père prend alors la position de rivale en devenant l’obstacle à l’atteinte de son désir ; c’est l’apparition du complexe d’Œdipe chez le petit garçon. L’identification au père disparaît, l’élément paternel devient un élément hostile, un désir d’éliminer cet être et de le remplacer, de prendre sa place auprès de la mère. Lors de la destruction du complexe d’Œdipe, l’enfant se désinvestit auprès de la mère, s’en écarte quelque peu, ce qui est primordiale dans la mise en place du surmoi. L’interdit de l’inceste symbolique prend place. Il peut se configurer de deux façons différentes, soit par une identification à la mère soit vers celle du père. Cette dernière semble la meilleure issue pour que le petit garçon puisse développer et s’investir dans d’autres objets et élargir ses compétences. Tout en gardant un rapport tendre à la mère, sa masculinité s’en retrouverait renforcée. Pour la petite fille, l’identification à la mère lui permettra de conforter son caractère féminin. Il arrive que la situation Œdipienne aboutisse vers une autre destinée, tout dépend de la disposition sexuelle des deux sexes dans la tournure de l’identification de l’enfant à son parent lors de la sortie du complexe d’Œdipe. Peu importe la tournure des événements, la notion de bisexualité est aussi existante par le simple fait que l’intérêt de l’enfant se dirige vers l’un et l’autre à tour de rôle et d’une manière plus complexe et paradoxale. Il est assez fréquent que le complexe d’Œdipe s’exprime non seulement dans une représentation complexe mais aussi double. Dans les premières phases du développement, le caractère du moi va se constituer influencer par sa maturité biologique et celle de l’environnement familial. La bisexualité, ce sentiment semble aussi bien présent chez le petit enfant accompagné d’un ressenti ambivalent positif et négatif. Non seulement on constate chez le petit garçon une relation contrasté avec ses parents d’où la conclusion d’une attirance à connotation bisexuelle. En sortant du complexe d’Œdipe, les traces ambivalentes sont à peine perceptibles dans la relation enfant-parents dans l’hypothèse où cette période s’avère positive dans la mise en place de sa construction. Lors de l’extinction du complexe d’Œdipe, l’enfant s'achemine vers une identification à chaque parent mais surtout par l’abandon de l’investissement exclusif de l’objet mère comme seul investissement objectal possible. L’identification au père renfermerait l’objet maternel du complexe positif et remplacerait en même temps l’objet paternel du complexe inversé et de la même façon pour la relation envers la maman. Si la névrose prend une tournure pathologique, il est fréquent de constater un éparpillement du moi, les multiples identifications n’ont pas de lien entre elles et altèrent le moi du sujet par l’avènement de résistances et influent sur la conscience de l’enfant. Le caractère du sujet va se constituer selon les résistances qui vont se constituer à l’intérieur de l’enfant et auront une répercussion plus ou moins durable dans l’élaboration du caractère du sujet devenu adulte. L’identification au père ou son substitut est une constituante primordiale dans l’édification du moi. Elle passe par la prise en compte de la relation triangulaire de la relation entre l’enfant, la mère et le père ou leur représentant. L’ambivalence, les paradoxes amènent à la névrose et finissent par devenir à peine perceptible lors de la disparition du complexe d’Œdipe. C’est l’apparition d’un surmoi ordonné ou d’un idéal du moi. Le surmoi n’est pas simplement la résultante d’une écume du ça, il est la conséquence d’une réaction énergétique contre les parents. Elle ne se résume pas à l’identification du père, (1) « tu dois être ainsi (comme le père), elle comporte le bannissement (2) « tu n’as pas le droit d’être ainsi (comme le père). Le comportement du père à l’égard de la mère est son exclusivité. Le refoulement est donc l’élément essentiel de la tournure du complexe d’Œdipe. Le surmoi est donc la prise en compte de la place du père, de son existence, (3) plus le complexe d’Œdipe a été fort et plus son refoulement s’est produit rapidement (sous l’influence de l’autorité, de l’instruction religieuse, de l’enseignement, des lectures), plus sévère sera plus tard la domination du sur-moi sur le moi comme conscience morale, voire comme sentiment de culpabilité inconscient ». Le surmoi se constitue de deux paramètres, biologique et historique. La dépendance de l’enfant face à ses parents va l’obliger à se confronter à la situation en acceptant la situation comme une réalité indéfectible et provoquer son désintérêt de la question sexuelle par une suspension provisoire de la libido qui va permettre au sujet de s’investir dans d’autres domaines, le plongeant dans la période de latence. Les questions sexuelles vont réapparaître à la puberté. Le surmoi peut prendre tout son effet durant la période de latence. Mais pour qu’il puisse se conforter, il faut que l’enfant sorte du complexe d’Œdipe par sa désintégration. La nature du refoulement va consolider les possibilités du surmoi. Cet idéal du moi que l’on considère comme la conséquence d’un surmoi libre de pouvoir s’émanciper, libéré des entraves du complexe d’Œdipe. Les parents seront la figure principale du surmoi, considéré comme des êtres exceptionnels, sublimés, craints, respectés feront partie plus tard de l’influence des valeurs à l’intérieur du sujet devenu adulte. Elles feront partie de lui-même, (4) « l’idéal du moi est donc l’héritier du complexe d’Œdipe ». Elle constitue le destin le plus important de la libido du ça. Le surmoi a pris le pouvoir du ça en incorporant ses affirmations dans le moi à l’intérieur du sujet. L’idéal du moi a aussi son appartenance dans l’espèce humaine, à sa reproduction et son émancipation. Le jugement du surmoi sur le moi a une connotation religieuse et condamne tout écart de son idéal du moi. L’autorité des institutions sont comparés à celle du père où la droiture par l’ordre et ses interdictions sont les paramètres à respecter, s’en écarter amène le sujet à éprouver une culpabilité plus ou moins profond selon l’écart entre le moi et le surmoi pouvant parfois mener le sujet à une situation d’angoisse. La morale, sociale, religieuse constituent pour une grande part le surmoi selon les paramètres historiques de l'époque. On y discerne l’importance des sentiments sociaux, définis comme une superpuissance, bien au-dessus du désir individuel et marginal. Freud évoque la notion de phylogénèse. Il se pose la question essentielle du cheminement de cette caractéristique, celle de l’histoire et de l’évolution de notre espèce. La moralité et la religion s'associent au complexe paternel. Cette filiation se caractérise d’une part par une transmission héréditaire s'accumulent à travers les générations et s’imprègne dans la partie du ça de l’individu, (5) « lorsque le moi puise son sur-moi dans le ça, peut-être ne fait-il que remettre au jour des figurines du moi plus anciennes, et les ressusciter. » Il constate que le surmoi, cette partie du moi peut produire un déséquilibre de celui-ci quand l’investissement du ça n’a pas pu avoir le même investissement dans son changement d’objet comme lors de la sortie du complexe d’Œdipe. Le moi reste fixé sur ses investissements de départ de manière trop prédominante et la dissonance entre le surmoi et le ça provoque une altération du moi dans une émancipation plus harmonieuse.

 

La construction du surmoi chez Mélanie Klein 

Durant la période de sevrage, le nourrisson ressent cette sensation de perte, celle d’un objet aimé, le sein maternel. Cette sensation est double, il perçoit cette perte à la fois comme un objet externe puis comme celui d’un objet introjecté. Cette perte est due à sa haine et son agressivité. Le sevrage plonge le sujet dans un sentiment dépressif et équivaut à un état de deuil. La souffrance inhérente à la position dépressive est étroitement liée à un accroissement de l’insight dans la réalité psychique. Cet insight contribue à une meilleure compréhension du monde externe. Par le moyen de la croissance de l’adaptation à la réalité et de l’expansion de la gamme des relations d’objet, le nourrisson devient capable de combattre et de diminuer les angoisses dépressives et, dans une certaine mesure, d’installer solidement ses bons objets intériorisés, c’est-à-dire l’aspect secourable et protecteur du surmoi.

Le ça, le moi, le surmoi sont les trois instances psychiques de la personne. Le moi subit une influence inconsciente influente du ça selon Freud. Mélanie Klein a découvert et approfondi les recherches de Freud sur les instincts de vies et de mort. Elle insistera particulièrement sur les notions de lutte constante à l’intérieur de l’enfant de se détruire et de se sauver, d’attaquer ou de préserver les objets. La maîtrise de l’angoisse est la mise en action dès la naissance. Elle souligne l’importance des trouvailles de Freud dans sa découverte de l’instinct de vie et de mort, considéré comme un phénomène biologique. Ce concept est développé dans son article « Le problème économique du masochisme » publié en 1924 où il termine en écrivant (6) « Ainsi le masochisme moral devient le témoin classique de l’existence de la mixtion pulsionnelle. Sa dangerosité provient de ce qu’il descend de la pulsion de mort, qu’il correspond à la part de celle-ci qui a échappé au retournement vers l’extérieur comme pulsion de destruction… ». La douleur de l’installation du surmoi détient un potentiel à souffrir pour le petit enfant, une souffrance qui fait partie intégrante du sujet d’un point de vue aussi biologique, préparé auparavant par l’adaptation du bébé à perdre puis remplacer les objets désirés et aimés par d’autres substituts.

 

Le complexe d’Œdipe selon Freud, au premier plan de trois à sept ans, inclut des fantasmes que l'on pourrait assimiler à des désirs de mort, de destruction de l'objet du parent du même sexe, dans son désir inconscient de prendre sa place dans le couple. Klein, tout comme Freud, considère le complexe d’Œdipe comme central, mais elle se différencie en développant l’idée de celui-ci dans sa nouvelle conception d’une situation œdipienne plus précoce. Elle postule l’existence d’une préconception infantile d’un couple parental excitant et terrifiant, couple fantasmé d’abord comme les « parents combinés » : le corps maternel contenant le pénis du père, et les bébés rivaux. Cette version primitive du couple, couple fantasmé comme étant en relation sexuelle continuelle, comprend des caractéristiques sadiques orales, urétrales et anales dues aux projections de la sexualité et du sadisme infantiles. Les fantasmes à propos du corps de la mère sont en lien avec la nouvelle compréhension de Klein de la féminité primaire et des complexes d’Œdipe masculin et féminin. Les figures du surmoi primitif se développent tôt dans la vie, en lien essentiellement avec le sadisme infantile, et pas uniquement comme le résultat de la situation œdipienne. Le clivage qui caractérise le fonctionnement schizo-paranoïde facilite la division claire et mouvante des parents objets partiels en parents idéaux et aimés et parents dénigrés et haïs. La prise de conscience croissante des objets totaux envisagés de façon ambivalente, et la survenue de la culpabilité dépressive quant aux attaques, conduisent de plus en plus au besoin d’abandonner les désirs œdipiens et de réparer les parents internes, en leur permettant d’être ensemble. Pour Klein, le complexe d’Œdipe et la position dépressive sont aussi étroitement liés.

Le surmoi est une structure interne ou une partie du self qui, selon Mélanie Klein telle une autorité interne, influe sur le self, émet des jugements, exerce une pression morale et constitue le siège de la conscience, de la culpabilité et de l’estime de soi. Dans la pensée kleinienne, le surmoi est composé d’une partie clivée du moi dans laquelle se trouve projetée la pulsion de mort liée avec la pulsion de vie et les bons et mauvais aspects des objets primaires et des objets plus tardifs. Le surmoi acquiert des qualités tout à la fois protectrices et menaçantes. Le surmoi et le moi partagent différents aspects des mêmes objets. Ils se développent de manière parallèle à travers les processus d’introjection et de projection. Lorsque tout se passe bien, les objets internes présents dans le moi comme dans le surmoi, qui se présentent initialement sous une forme extrême, deviennent moins excessifs et les deux structures se réconcilient de plus en plus. Dans la conception de Mélanie Klein, le surmoi commence à se former dès le début de la vie, et non avec la résolution du complexe d’Œdipe comme l’avait théorisé Freud. Le surmoi précoce est très sévère et devient moins exigeant et plus réaliste au fil du développement. Lorsque le développement est pathologique, le surmoi précoce sévère ne se modifie pas et dans les cas extrêmes, les aspects désintriqués terrifiants et idéalisés des premiers objets se trouvent clivés par le moi et relégués dans une zone profonde de l’inconscient. Mélanie Klein en est venue à envisager ces objets partiels désintriqués comme séparés du surmoi, alors que d’autres auteurs considèrent qu’ils forment un surmoi anormalement destructeur. Qu’on les considère comme faisant partie ou non du surmoi, ces objets internes excessifs sont considérés par Mélanie Klein et les autres auteurs comme associés à une perturbation extrême pouvait parfois s'associer à la psychose. Ils sont vus comme différents du surmoi précoce sévère ordinaire qui repose sur des pulsions largement intriquées, susceptibles de modifications. Le débat est toujours en cours sur le degré de changement possible dans le surmoi, la nature précise des parties qui le constituent et la question de savoir s’il est préférable de l’envisager sur le plan conceptuel comme une structure ou comme une fonction.

 

Lacan et le surmoi

Lacan déclare en 1971 (7) « C’est la seule chose dont je n’aie jamais traité ». Pourtant on peut notifier qu’il en a fait maintes fois références durant sa carrière.

En 1961 il souligne la grande importance dans la seconde topique de l’apparition du surmoi. Il le considère comme une forme d’aliénation. Le surmoi apparaît qu’à travers les changements des stratégies de l’inconscient pour composer avec les discours qui parlent de lui (8) « effet de discours sur un effet de discours ». Il a une sévère critique sur la vision aveugle que s’adonne les personnes dans leur relation à ce surmoi. Il se positionne sur sa nature symbolique en le distinguant de l’idéal du moi qui se réfère à l’imaginaire. Il remet en cause profondément la notion du surmoi comme concept théologien, celle qui s’associe à la raison pure, défendue par Kant pour la considérer comme une corruption de la personne dans la relation à l’objet.

Le surmoi n’est pas la loi. Il est juste une loi, une (9) « loi dépourvue de sens », « une loi insensée ». Pour Lacan, la représentation du surmoi, par sa représentation dogmatique, ses valeurs souvent à connotation religieuse, son classement du bien et du mal plonge le sujet dans une confusion, celle de la censure, de le diriger dans la croyance où la genèse se fonde dans une représentation mensongère. L’homme serait parfois angoissé par l’irréel dans le réel, (10) « l’inquiétant c’est que dans l’irréel, c’est le réel qui les tourmente ». A travers son œuvre L’éthique de la psychanalyse, il attache toute l’importance à considérer la psychanalyse comme un moyen et non un but.

 

Le surmoi et son évolution

L’équilibre de l’individu est la résultante des rapports harmonieux entre les instances psychiques définies par Sigmund Freud dans sa seconde topique, celle du ça, du moi et du surmoi. Ce dernier se nourrit de l’aspect éducatif. C’est à travers l’éducation parentale et l’enseignement que ce surmoi prend sa dimension. L’écart sociétal semble se creuser entre les différentes classes sociales. Le surmoi devient trop pesant, incapable de s’imposer dans une représentation profonde, provoquant une dévalorisation, où l’individualisme prime sur le collectivisme, la confiance en l’autre est mise à mal. Dans un surmoi omniprésent, l’individu se sent étouffé par la pression ayant pour conséquence un écrasement du moi provoquant un sentiment généralisé d’insécurité. Au contraire un surmoi inexistant laisse une place prédominante à l’émancipation des pulsions sans contrebalance, le monde vivant dans une représentation chaotique. Le surmoi familial doit pouvoir avoir une corrélation avec un surmoi collectif. La notion du père est mise à mal, confronté à ses propres dérives, les symboles des représentations étatiques sont remis en cause révélant les pulsions du ça à s’exprimer sans limite ou à l’apparition dans l’essor d’un surmoi souvent extrême s’exprimer. L’enfant, la femme cri sa révolte, la famille perd son identité face à sa diversité représentative. L’homme, le père est remis en cause, lui-même en désarroi dans son surmoi à la dérive, découvert dans la supercherie de sa représentation. Les idéaux archaïques tombent, l’homme perd de sa superbe, suite à la libération de la femme, elle-même refusant la place soumise proposée, l’enfant ne se retrouvant plus dans l’idéal parentale, livré à lui-même, laisse s’exprimer ses pulsions du ça, le surmoi n’ayant pu se mettre en place correctement dans les différents stades de son évolution, la parentalité et la société ne proposant aucune représentation satisfaisante à long terme. Le sentiment insécure devient omniprésent, le surmoi attendant une figure forte se dégager pour pouvoir s’identifier à son élan. Que ce soit avant ou maintenant, le surmoi comme les instances du ça réponde à une forte tension, amenant à une représentation mensongère dans son véritable rapport à la névrose. La morale, nécessaire à l’identification a pour vertu de laisser la possibilité aux êtres de s’identifier mais pose la contrainte à refouler certaines pulsions au détriment de l’expression d’un retour du refoulé provoquant dans l’autre de nombreux dommages collatéraux. La honte, l’incompréhension, la culpabilité des dérives de la morale empêchent dans les différents mondes les individus d’exprimer leurs souffrances et de les travailler cliniquement, sans jugement. Auparavant les dérives sexuelles liés à toutes les formes incestueuses et pédophiles ont été camouflé, refoulé, dénigré, faisant parti pourtant de nombreuses familles, l’omerta s’imposant comme une représentation morale, cachées également dans un surmoi qui avait l'allure d'être bien présent. Ce monde s’effondre pour laisser place à une situation chaotique, sans repère ou avec la difficulté de s’en représenter un, amenant également à une autre dérive. Le surmoi dans le monde ancien comme celui du monde nouveau à toujours été malmené, le sujet n’étant pas honnêtement abordé, la morale, pourtant nécessaire n’étant souvent que la conséquence d’une réaction d’une tension, amenant à un déséquilibre chez le moi de l’individu, compensée par une tension inverse, provoquant une autre tension et un autre déséquilibre du moi. La psychologie reconnue par l'État où certaines avancées sont parfois à notifier suit la mouvance sociétale et n’est qu’une représentation en retard de la réalité. Seuls quelques mouvements osent de temps à autre s’imposer, à leurs risques et périls s’exprimer dans les avantages, les inconvénients, les conséquences du surmoi, de ses valeurs, de sa morale. La psychologie seule n’a pas le pouvoir d’un point de vue sociétal, sa représentation n’est que la résultante éphémère de l’ère du temps, bien loin de la nécessité même de son essence. A chacun de lutter et combattre pour ses connaissances, celle de ses propres croyances et de ses expériences. Le paradoxe de l’éthique de la psychanalyse se situe dans un désir d’émancipation, celle de la liberté de pouvoir s’exprimer librement avec parfois le prix de certaines dérives mais où une représentation étatique l'amènera d’ailleurs à son destin tragique, celle de sa disparition dans son essence, emprisonnée dans la représentation morale du jugement, où la véritable problématique n’est jamais véritablement abordé dans la peur de remettre en cause les fondements de notre société qui a sa propre responsabilité dans le déséquilibre du surmoi à travers les différentes époques afin de préserver son instinct de survie, son pouvoir d'existence ,à l'encontre de trop nombreux individus. La problématique n'est pas simple à aborder mais elle n'a pas à ce jour encore été élucidée.


(1)    Sigmund Freud, Le moi et le ça, 1923, édition Payot, p.80

(2)    Sigmund Freud, Le moi et le ça, 1923, édition Payot, p.80            

(3)    Sigmund Freud, Le moi et le ça, 1923, édition Payot, p.80-81

(4)    Sigmund Freud, Le moi et le ça, 1923, édition Payot, p.83

(5)    Sigmund Freud, Le moi et le ça, 1923, édition Payot, p.88

(6)    Mélanie Klein, Le transfert et ses écrits, 1995, puf, p.52

(7)    Jacques Lacan, D’un discours qui ne serait pas du semblant, 10 mars 1971, Paris, Le Seuil, p. 90.

(8)    Jacques Lacan, Le transfert, 31 mai 1961 ; Paris, Le Seuil, p.394-395.

(9)     Jacques Lacan, Les écrits techniques de Freud, 18 novembre 1953, 10 mars 1954 ; Paris, Le Seuil, p.9 et p.118

(10) Jacques Lacan, L’angoisse, 19 décembre 1962 ; Paris, Le Seuil, p. 95