Pulsions

Nous avons différentes pulsions qui appartiennent à chacun. Je n'évoquerai pas ici les notions de pulsions de vie et de mort afin de simplifier la situation. L'intensité pulsionnelle dépend de la singularité de la personne. Elles font partie de nous, de manière biologique, instinctuelle. Elles font suite à une tension caractérisée par une somatisation du corps qui déclenche une action de l'organisme dans une volonté de revenir à un seuil basique, sans tension. Cette pulsion est pourtant centralisée d'abord sur certains organes mais elle finit par être ressentie par tout l'organisme lorsqu'il s'agit d'une pulsion à caractère endogène. On ne peut dans ce cas, esquiver cette pulsion. Elle répond aux besoins vitaux, la faim, la soif, le sommeil.

Et puis il y a le désir qui se greffe à la pulsion. Ce désir a une anamnèse, un parcours, il se construit à travers le temps, influencé par l'environnement familiale, scolaire, sociale, amicale. Si je prends l'exemple de la soif, je sens l'envie de boire, je constate que mon corps somatise peu à peu. Je décide de boire de l'eau, un jus de fruit ou de reporter l'envie de boire à plus tard. Je vais pouvoir différer la pulsion mais je devrais la combler tôt ou tard. Le choix de ma boisson représente le désir et non la pulsion. Cela fait partie des pulsions qui répondent à un besoin vital de survie que je devrais assumer dans un temps limité par rapport au déclenchement de la pulsion sous peine de me mettre en danger. 

Dans la pulsion sexuelle, pour avoir envie de partager une intimité, il faut avoir ce potentiel biologique qui varie selon les pans de vie et la particularité de chacun. La pulsion concerne cette donnée. La partie de la forme que va prendre cette pulsion concerne le désir qui sera assumé ou pas, selon le choix de chacun, d'une manière consciente et inconsciente. Cette partie du désir peut se modifier à travers un travail thérapeutique si elle pose une problématique dans le rapport à l'autre. La forme de la relation sexuelle se caractérise à travers les relations avec les autres, le monde, rien n'est inné à part la partie biologique d'appartenir au genre masculin, féminin ou hermaphrodite. C'est ce qu'on appelle les excitations à caractère exogène. Certaines personnes par leurs croyances peuvent aussi déplacer leurs pulsions dans une démarche sublimatoire avec plus ou moins de succès mais il s'avère qu'elles ne mettent pas leurs vies en danger dans le renoncement à réduire cette pulsion pour revenir à un état basique. Ces pulsions peuvent donc être ou pas stimulées. La morale, caractérisée par la manière de comment on se représente cette pulsion va influencer la prise de décision vers le passage à l'acte ou pas. Le rapport entre le désir instinctuel et sa représentation sociétale va pousser l'individu à activer sa pulsion ou la refuser selon l'equilibre de ces 2 paramètres. Mais pour le sujet même, ce n'est pas une question de survie, dans un cas comme dans l'autre.

Chaque personne a une activité sexuelle qui prend forme selon le parcours de chacun hors intimité. Elle peut donc être différente dans sa représentation. Il y a une partie organique et psychique. La forme de la sexualité met en amont la dimension associative de notre psychisme, une action passée influence l'action présente et influence l'action future et ainsi de suite, de manière infinie. La partie organique est aussi nécessaire pour exister dans la pulsion. Une personne de 80 ans n'aura pas la même vitalité sexuelle que celle d'une personne de 20 ans en bonne santé. Ce qui d'ailleurs ne pose pas de problème puisque le manque ne sera pas présent.

Il y a aussi les pulsions réactionnelles, elles font partie des pulsions exogènes. Elles sont activées, stimulées face à une situation externe comme la colère utilisée par l'individu lorsqu'il perçoit de manière injuste la situation. La colère en soi sert à la base à rééquilibrer la tension interne reçue par la personne. Ce qui pose problématique dans ce cas de figure, c'est l'angoisse que peut procurer la situation à l'intérieur du sujet qui émet la colère ou par le mécontentement de la personne qui la reçoit. Elle fait donc partie d'un mécanisme de défense réactionnel. L'énergie spontanée de la personne fait partie de sa biologie. Cette dimension, l'individu ne pourra la changer mais elle devra s'exprimer dans un autre contexte comme celui de la pratique d'un sport par exemple. Puis la personne va apprendre à gérer sa pulsion en engendrant d'autres mécanismes où elle pourra en retirer un meilleur profit.