Parlons un peu de transfert…

Le transfert révèle un processus qui nous concerne tous. On ne peut échapper au transfert dans la vie de tous les jours avec nos proches et ceux qui ne le sont pas. Le transfert appartient à l’émotion. C’est aussi un phénomène lié à la cognition qui renvoie à notre conscience, à notre existence. Lorsque vous regardez les informations, par exemple, vous pouvez être touché ou ressentir une vive émotion pulsionnelle face au décès d’un individu. Cette personne, vous ne la connaissez pas, vous n’avez aucune relation avec celle-ci, vous ne connaissiez pas son existence avant de recevoir cette information et pourtant.. une vive émotion vous touche au plus profond de votre être. Le transfert inconscient ou conscient s’effectue. La situation vous emmène dans le fantasme ou le vécu d’avoir la possibilité de perdre un être proche, une douleur émotionnelle apparaît, soudainement. Vous associez inconsciemment l’agression d’une personne âgée par exemple comme la possibilité que cela aurait pu arriver à votre propre maman, ou votre grand-mère. Le transfert a été opéré. Bien sûr, c’est une sensation dans ce cas précis qui ne perdura pas, elle sera passagère. L’existence du transfert n’est pas un problème en soi dans ce cas précis mais il explique un processus psychique de l’individu, son fonctionnement qui fait partie de l’émotion et de sa perception. C’est une réaction, malgré soi, une pulsion émotionnelle.

 L’existence du transfert n’est pas un problème en soi mais c’est la relation avec votre transfert qui peut en constituer un.

 C’est un processus de base naturel que l’on retrouve aussi dans la cure analytique. Il se repose sur l’expérience de chacun, des situations qui se répètent malgré nous, à peu près à l’identique, indépendamment des contextes qui ont pu participer à les produire. Cette répétition peut concerner la vie amoureuse, au cours desquelles le lien amoureux se structure à peu près de la même façon, en conduisant aux mêmes types de souffrance ou d’impasse quelle que soit le ou la partenaire. L’importance dans la notion de transfert, celle qui renvoie à notre passé, est d’être en accord avec celui-ci. Cela peut concerner d’innombrables d’autres sujets comme la manière dont les projets sont vécus : on culbute sur les mêmes difficultés. Elle peut avoir trait à l’expérience de la parentalité, dans l’éducation de nos enfants, de faire les mêmes « erreurs » que celles commises par nos parents. On finit d’ailleurs par reproduire ce à quoi on a voulu échapper. Cette compulsion à répéter peut se déployer sous des formes très symptomatiques et handicapantes, se traduisant parfois par des troubles obsessionnels, compulsifs, des addictions, une névrose d’échec, et bien d’autres souffrances. Le psychanalyste est un outil en soi. Il arrive que le sujet transfert sur son propre analyste des réactions, une agressivité, une complaisance, des sentiments, des mécanismes de défense. Il n’y a aucune honte ou de malaise à éprouver de votre part. C’est un phénomène normal et même important dans la relation de votre travail avec vous-même qui vous renverra à votre présent et votre passé.

Mais…   

Le psychanalyste est là pour le sujet. Attention à ce qu’on appelle le contre-transfert dans la relation avec la personne. Il arrive sans le vouloir, d'effectuer un contre- transfert de positionnement. Il y a danger pour le sujet si la position du thérapeute est orientée vers une connotation de jugement, d’actes. Le positionnement de l’analyste doit être dans le fonctionnement, aider à comprendre en soulevant les positionnements de la personne par un approfondissement du positionnement du sujet des moments clés de son histoire. L’objectif est que l'analysant s’éclaircisse de lui-même et non que l’analyste éclaircisse le sujet par son interprétation même s'il lui arrive d'en proposer une dans l'objectif de faire avancer la personne, elle ne doit pas constituer une vérité en soi, seul le sujet doit rester maître de sa perception , seul l'analysant approuve ou réfute les hypothèses émises, ce qui est différent. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’analyste doit avoir résolu toutes ses névroses ou au pis de savoir les gérer par la connaissance de son propre fonctionnement.