Définition du mécanisme de défense
C’est une stratégie défensive que le sujet met en place, de manière inconsciente, sans en avoir conscience afin d’échapper à un conflit interne. Ils sont utilisés par chacun d’entre nous selon les contextes qui se présentent dans nos vies quotidiennes. Ce sont des processus mentaux automatiques et incontrôlés. Sigmund Freud a élaboré pour la première fois le concept de mécanismes de défense à travers sa publication, en 1894, « Les neuro-psychoses de défense » où le moi régule les contradictions internes psychiques du ça qui regroupe les pulsions instinctuelles, les interdits, entièrement inconscient, dirigé par le seul principe du plaisir et le surmoi, qui se construit, tel un représentant de loi intérieure, censure en maintenant par le refoulement les pulsions se dégageant du ça dans une volonté de bien agir et de bien faire en répondant aux exigences du milieu familial et extra-familial.
Contexte sexuel du début du 20ème siècle, pulsion et sublimation
Freud aborde précisément la sublimation pour la première fois en 1905 dans Trois essais sur la théorie sexuelle qui consiste à déplacer l’énergie libidinale sexuelle vers une activité perçue comme valorisante telle une activité exercée dans l’Art ou liée aux Sciences. Afin de bien comprendre la situation, il est nécessaire, afin d’éviter les malentendus de restituer ses écrits dans le contexte historique de l’époque.
Selon la légende, après la publication des Trois essais sur la théorie sexuelle, le livre était considéré si immoral et obscène que plus personne n’osait l’inviter à dîner. Pourtant, Vienne, à l’époque, regroupait de nombreuses maisons closes où la prostitution et de tout ce qui ne pouvait s’exprimer ailleurs dans la sexualité battait son plein et trouvaient leurs vertus, enfermant les secrets de chacun à l’intérieur de ces mûrs. La sexualité se construit dès la naissance, de façon partielle, pas à pas, l’enfant découvre les plaisirs de son corps en faisant connaissance avec l’auto érotisation, le plaisir de la bouche à travers le sein de la mère dans le stade oral, le pouvoir d’accepter ou de refuser à travers le stade anal, illustré par la relation avec ses fèces pour parvenir au stade phallique où il prend conscience de la différenciation des sexes en possédant ou pas un pénis. Freud souligne que la perversité n’a rien d’innée, on le devient selon son vécu. Il avertit, non en déplaise à chacun, qu’il s’agit d’un arrêt du développement de la pulsion et à une déviation de son objet. Il prend pour hypothèse que la sexualité commence à se construire dès la naissance puis se met en place plus ou moins explicitement à la sortie du complexe d’Œdipe, après l’installation du surmoi pour prendre une première dimension globale au cours de la puberté.
Son objectif est simplement de commencer à expliquer ce qui peut paraître difficilement compréhensible. Pour comprendre et analyser les données, il semblerait indispensable de ne pas tenter de juger mais d’observer pourquoi les choses se construisent ainsi ou autrement. Le point de départ de Freud est de considérer que toute sexualité se détachant de l’idée de l’union de l’amour entre l’homme et la femme, découlant d’une pulsion sexuelle amenant au désir est une perversité, sans conséquence, si elle fait partie d’un tout acquis plus tard dans un âge ultérieur. Il reprend donc les mœurs de l’époque mais décrit une réalité bien différente. C’est à partir de ce que l’on considérait normal ou pas, pensée qui ne lui appartenait pas, qu’il nomme et définit la perversité et les aberrations sexuelles, (1) « Elle est censée être absente de l’enfance, apparaître à l’époque du processus de maturation de la puberté et en connexion avec lui, s’exprimer dans les phénomènes d’attirance irrésistible qu’exerce un sexe sur l’autre, et son but est supposé être l’union sexuelle ou du moins les actions qui vont dans ce sens ».
A partir de ce constat, et bien plus d’ailleurs, mais il serait trop long de s’étaler ici pour l’expliquer, il comprend un aspect primordial dans la construction de la pulsion qui est composé de deux paramètres indissociables, l’objet, décrit par l’attirance sexuelle et le but, définit par l’action qui pousse le sujet à la pulsion.
C’est une découverte qui caractérise la pulsion et c’est à partir de là que la définition de la sublimation va pouvoir notamment s’élaborer et que nous étudierons plus précisément un peu plus loin. La sublimation possède entre autre, dans sa constitution fondamentale, la conséquence d’une réaction face à une situation insupportable pour le sujet qui le propulse et l’oblige inconsciemment à avoir d’autres vues que l’objet initial prévue comme celui des activités artistiques (2) « La répression par formation réactionnelle qui, comme nous l’avons établi, commence dès la période de latence de l’enfant pour se prolonger, dans le cas favorable, pendant toute la vie, est sans aucun doute une sous-catégorie de la sublimation. »
La sublimation est la conséquence pour Sigmund Freud d’un penchant qui se construit dans les premiers stades antérieurs à la période de latence à une construction anormal du sujet. L’énergie libidinale étant trop puissante sous l’égide de la pulsion permet à l’individu de s’orienter pour se diriger vers d’autres préoccupations que les pulsions sexuelles répondant à un principe de réalité. Ces personnes ont la capacité, l’intelligence de pouvoir s’émanciper à travers un domaine particulier, une représentation valorisante d’un point de vue sociétale afin d’échapper aux désirs qui engrangent les pulsions sexuelles. Ces personnes possèdent donc une grande énergie libidinale de base. La sublimation est décrite principalement comme l’aboutissement de se détourner de la pulsion initiale qui s’accomplit à travers les trois critères principaux, celui d’un désir de résultat optimal, d’une anomalie et d’un déséquilibre psychique qui va prendre une autre forme, grâce au mécanisme de défense de la sublimation qui peut débuter dans la période de latence et qui peut perdurer tout au long de la vie de l’adulte. Freud évoque l’idée de suppression dans la sublimation et non de refoulement. Les pulsions sexuelles sont donc transformées et non enfouies dans l’inconscient du sujet d’où la notion de (3) « formation réactionnelle ».
La période de latence est constituée d’une certaine maturité psychique qui produit chez l’enfant une certaine répulsion, une pudibonderie, des exigences d’idéal harmonieux et moral qui vont permettre au sujet de s’écarter de ses pulsions sexuelles pour un enfant possédant un environnement équilibré, influencé par l’éducation parentale et extra-familial tout en possédant un caractère inné, archaïque et biologique qui regroupe le phénomène de la pulsion originelle. Pour les sujets concernés la constitution psychique et biologique de l’enfant dans la période de latence d’après les constatations de Freud ne pourrait aboutir à un autre phénomène que la sublimation comme celui d’aboutir à une quelconque notion de jouissance orgasmique, l’enfant n’ayant pas encore accès à cette notion de plaisir, celle liés aux jouissance du désir ou qui vont dans ce sens, immature dans sa constitution biologique et sa conscience n’étant pas assez élaborée pour comprendre la nature des faits s’il cherchait à s’émanciper et approfondir en développant les questions en liaison aux pulsions sexuelles. Ainsi la sublimation apparaît, telle une réaction libératoire, afin de répondre à la situation inconfortable qui mène le sujet à une confusion et une incompréhension s’il en était autrement.
Définition de la sublimation
Afin de définir la provenance du mot sublimation, j’ai estimé que les deux définitions suivantes collaborent parfaitement dans la vision psychanalytique freudienne. Le mot sublimation trouve son origine dans la langue latine « sublimatio », un dérivé de sublimare qui signifie « élever ».
Dans la définition du point de vue de la chimie, c’est la transformation d’une matière solide en état gazeux sans passer par la phase liquide. Le gaz, plus léger que l'air, s'évapore pour s’élever peu à peu et se différencier de son état initial tout en gardant un volume identique dans sa quantité.
Sur le plan littéraire, depuis l’Antiquité, on retrouve la pensée morale qui se confondait à l’époque dans un conservatisme religieux donnant l’idée de jugement de valeur, d’une volonté de pureté et en même temps de condamnation vers celui qui s'écartent de cette notion. La représentation morale de la société primait sur les instincts internes et singuliers d’une personne.
Freud vers la sublimation
La sublimation se détermine comme un mécanisme de défense. Le ça, la partie instinctuelle, dans sa dimension la plus primitive et archaïque, répondant au principe de plaisir dans toute sa dimension s’exprime chez l’enfant, dans une perspective de contexte favorable dans l’environnement jusqu’au six premiers mois de la petite enfance, le sevrage étant la première conséquence de la rupture de cette période. Il laisse place à l’apparition du principe de réalité pour laisser apparaître peu à peu le surmoi à l’intérieur du sujet, observations développées plus précisément par Mélanie Klein. La provenance du surmoi ne provient pas du sujet lui-même mais de l’autre, du monde extérieur, de la mère, du père, de la famille et du milieu extérieur. L’enfant possède néanmoins la maturité biologique pour la recevoir. Le désir d’être aimé, reconnu amène naturellement l’enfant à répondre, tant bien que mal au désir de l’autre, de préférence dans un premier temps à ceux de ses parents. Et c’est lorsque les règles, les lois, les conditionnements du monde de l’autre prennent place à l’intérieur de l’enfant d’un point de vue narcissique, que le ça originel s’en trouve modifié, les pulsions sexuelles transformées qui permettent au moi de s’exprimer dans un équilibre. La répercussion est la transformation des destins pulsionnels dans le moi. Si Freud parle de réaction par rapport à la sublimation et non de refoulement, c’est que le sujet constate une métamorphose du ça dans son évolution. Il évoque une notion importante qui peuvent avoir son importance entre autres dans l’élaboration de la sublimation qui existe bien avant que la sublimation intervient dans la vie du sujet, (5) « La transposition de la libido d’objet en libido narcissique, qui se produit ici, comporte manifestement un abandon des buts sexuels, une désexualisation, donc une espèce de sublimation ». L’observation évoquée, il la considère présente dès la sortie du stade oral sans se référer à la sublimation mais à la capacité de remplacer un objet par un autre et de s’adapter à ce remplacement. En effet, quand le moi adopte les caractéristiques de l’objet, il enjoint au ça d’accepter l’objet de substitution et de le considérer comme objet d’amour, il cherche à combler le manque et fait accepter au ça le nouvel objet dans la même relation d’amour qu’avec l’objet initial. Ainsi, il s’adapte en assimilant et en s’accommodant de l’objet nouveau. Il établit donc l’hypothèse que tout objet de sublimation passe d’abord par le moi avant d’intervenir dans le ça pour ensuite donner un autre ça quand le principe de réalité l’impose.
Un autre élément essentiel va intervenir dans la construction et la direction que peut prendre la sublimation. Il écrivit (6) « la disposition triangulaire de la relation œdipienne et la bisexualité constitutionnelle de l’individu ». Cette description a toute son importance et son influence dans le choix de l’objet du petit être. Il dirige son engagement vers la mère qui par l’intermédiaire du sein maternel constitue le tout pour le nourrisson tandis que le père, par sa présence objectale définit l’identification. Pourtant peu après, les relations deviennent plus complexes entre le petit garçon et le père, ce dernier représentant un concurrent face à l’amour grandissant à l’intérieur du petit être vis-à-vis de la mère. On se situe dans le complexe d’Œdipe. Lors de la mise en place du surmoi, accompagné d’une maturité biologique et psychique à la compréhension de la situation, le complexe d’Œdipe va finir par se désagréger et l’objet maternel va prendre une autre dimension. L’enfant va réaliser que sa mère ne lui appartient pas, que ce n’est pas son objet, l’idée de fusion, de possession s’atténue ou disparaît. Il est d’ailleurs très fréquent que le petit garçon se dirige vers une identification paternelle si la situation avec celui-ci est sécure. De nombreuses sublimations surgissent chez l’enfant à partir de l’identification paternel comme celle de Mozart. De la même façon, mais de manière plus complexe, l’identification maternelle du côté de la petite fille peut s’en trouver renforcée mais cette fois-ci il est fréquent de constater que l’objet d’amour perdu, celui du père peut avoir une influence dans le choix de son objet à la sublimation. Le surmoi comprend cette notion de paradoxe qui s’exprime comme celui du désir de ressembler à son père (7) « tu dois être ainsi (comme le père) » et celui de l’interdiction (8) « tu n’as pas le droit d’être ainsi (comme le père) ». Cette interdiction, c’est celle de faire comme son père, de posséder et de « jouir » de sa mère comme il désire. Cette interdiction, c’est tout simplement une construction, sans l’intervention du père qui équivaudrait à mettre en place toutes les dispositions pour faciliter une relation incestueuse avec la mère, d’un point de vue symbolique et d’un imaginaire bien trop présent à l’intérieur du sujet qui aurait certainement pour conséquence des répercussions pathologiques difficile à surmonter si la situation persistait dans le temps.
Travaux de Lacan et la sublimation
C’est à partir de 1954 que Lacan commence à établir une théorie de la sublimation. L’objet a une fonction qui comprend trois critères fondamentaux, celle du Réel, de l’imaginaire et de la symbolique. L’imaginaire constitue l’élément central chez le sujet dans son rapport à la relation symbolique de l’objet. En 1959-1960, il aboutit à la conclusion dans le séminaire VII intitulé « L’éthique de la psychanalyse » où il annonce dans son séminaire que la sublimation « élève un objet à la dignité de la Chose » où il considère que la Chose représentant le Réel s’élève symboliquement par le biais d’un objet imaginaire. Freud aborde la sublimation par la transformation des pulsions sexuelles, celle qui mène à l’inceste en une pulsion, un attrait vers une activité perçue comme valorisante d’un point de vue sociétale. Quant à Lacan, (9) « le mode sous lequel la question de ce qu’il en est de la Chose se pose à nous » son intérêt à la sublimation va se porter essentiellement à son rapport au réel. Lacan décrit un paradoxe dans la constitution même de la Chose. L’objet de sublimation, un objet qui doit être perçu comme valorisant, répond d’une certaine mesure au désir de l’autre. Mais la représentation de l’image à l’intérieur du sujet ne peut être qu’imaginaire car elle n’est que symbolique et reste donc en dehors du réel. Le rapport au réel ne se rattache qu’à la représentation valorisante perçue par l’autre, un paramètre qu’il n’est point possible de représenter dans son exactitude. Une autre question se pose alors d’elle-même. Que signifie dans le réel le mot « valorisant » ? Elle comporte aussi un double paradoxe. C’est ce que je détermine par la loi du nombre. A partir du moment où la définition de « valorisant » appartient à la majorité, à la loi de la majorité, elle est perçue comme appartenant à la raison. Cette raison est synonyme de morale d’un point de vue sociétal. Pour le premier paradoxe, si je prends l’exemple de la vache qui est un animal réel, elle symbolise dans l’imaginaire indien une représentation sacrée et dans le monde occidental, un moyen d’avoir du lait et de se nourrir par la même occasion. Le réel n’a donc aucune importance mais son rapport symbolique à l’imaginaire détient ce qui semble raisonnable. L’indien compare notre rapport au réel comme une définition irréelle de la Chose et les occidentaux considèrent leur rapport au réel d’invraisemblable. Le second paradoxe se situe à l’intérieur d’une même communauté ayant la même définition du mot « valorisant ». Le sujet, répondant dans le désir de l'autre, va s'identifier en exploitant l’objet de sublimation. Mais son rapport à l’objet va consister à un rapport au réel bien différent de l’autre, dû à son histoire singulière. Il se nourrit pourtant de la connaissance de savoir ce que renferme la Chose, de l’élever à la dignité de la Chose mais dans l’impossibilité de se la représenter exactement.
(10) « Quel bien poursuivez-vous en poursuivant votre passion ? ». Lacan s’adresse au psychanalyste face à ce qu’il considère comme un objet de sublimation, la psychanalyse. Il met en évidence le paradoxe du but de la psychanalyse. Est-il raisonnable de vouloir guérir le sujet des illusions qui le retiennent pour répondre à son désir ? Il paraît parfois dangereux de répondre et de valoriser les désirs du sujet. Il est aussi présomptueux de savoir ce qu’est le bien ou le mal par rapport à ce désir. La satisfaction du sujet peut englober une notion de bien comme son contraire et le psychanalyste ne s’en occupe pas, mais il serait difficile d’en être autrement, celle de favoriser le sujet dans son rapport au plaisir, synonyme ici de son propre plaisir, celui du sujet. Là où se situe tout le paradoxe que la psychanalyse non plus ne saurait y répondre sans que la morale sociétale y puisse non plus y remédier. Si je m’appuie sur l’exemple d’un sujet dans les années 1930 qui éprouve de la souffrance face à la découverte de son homosexualité, devait-il assumer son coming-out ? On s’aperçoit que la psychanalyse suit la morale sociétale même si elle veut s’en écarter timidement et si d’autres s’en démarquent ils en payent souvent le prix de l’exclusion vouée à une fin tragique. A-t-elle raison de le faire ? Peut-il en être autrement ? L’homosexualité était à l’époque considéré comme un péché, une perversion d’un point de vue de la loi et de la collectivité. Fallait-il continuer à se cacher afin de se préserver ou lutter ouvertement contre l’homophobie ? La réponse appartient au sujet mais le positionnement du thérapeute va infirmer ou affirmer le désir du sujet dans sa perspective que cela soit par le silence ou un langage, cela reste une forme de discours. Peut-on se dégager de tout positionnement ? Difficile de savoir ce qui est raisonnable ou pas pour le sujet. Et par ailleurs, ce qui peut être perçu comme raisonnable pour le sujet peut l’être à un instant T et disparaître à l’instant T+1. Le thérapeute peut décider de ne rien dire, sans approfondir la question, au rythme du sujet mais quel sera le prix ? Et si nous nous attachons à cet exemple à celui de la sublimation, Lacan écrivit « On ne peint pas à l’époque de Picasso comme on peignait à l’époque de Velázquez, on n’écrit pas non plus un roman en 1930 comme on l’écrivait au temps de Stendhal ». C’est là ou se positionne la limite de la sublimation dans le domaine de l’éthique, en tant que génératrices de dites vertus socialement reconnues. Certaines choses ont un sens qui peut paraître difficilement compréhensible un siècle après, en dehors du contexte historique, qui ne peut être réellement ressenti sans l’avoir vécu réellement. Et si Lacan pondère l’hypothèse que seuls certains faits de la science peuvent appartenir au réel, on s’aperçoit à travers l’histoire qu’il n’y a aucune espèce de réel, qui n’a pas vraiment son importance mais la symbolique et l’imaginaire dans le rapport à l’objet ont toute leur réalité dans leur dimension contextuelle. Si je prends l’exemple de l’anxiolytique et de l’anti-dépresseur, des médicaments utilisés fréquemment pour remédier et taire les symptômes des maladies à caractère psychologique, il est fort possible malgré certains bienfaits de cette médecine que dans quelques dizaines d’années, avec un certain recul nous pourrions nous apercevoir des conséquences désastreuses de certains traitements qui seraient perçue alors comme la perception au XVII siècle de soigner nos malades en leur faisant des percées afin de traiter leurs maladies. Le réel prend toute sa dimension dans sa perception qui découle sur l’addition des croyances et des expériences, ce que l’on appelle la connaissance, c’est-à-dire dans sa représentation symbolique puis imaginaire.
La Chose est (11) « un vide impénétrable » la partie non représentable dans le Réel. Elle est représentée par Lacan dans l’exemple du vase où le signifié est représenté par le vase et le signifiant caractérisé par le vide qu’il contient. Son enveloppe implique un certain contenu, on peut y mettre certaines choses mais de quoi il s’agit au juste ? Le contenu n’est point accessible, quelque chose qui ne possède pas véritablement de sens en soi mais qui pourtant sur lequel on veut à tout prix s’en rattacher afin de lutter contre l’angoisse, celle de ne pas savoir qui amènerait à la paralysie du sujet dans son rapport à l’objet. Mais ne se rapproche-t-on pas de la phénoménologie, celle d’Edmund Husserl qui décrit le rapport à tout objet est le phénomène simultané de l’immanence de la conscience qui fonctionne par elle-même et qui s’élabore de manière transcendantale, une intentionnalité qui le lie au monde extérieur. C’est ce que l’on décrit comme la perception singulière, unique de la perception de notre conscience à un instant T du réel, la phénoménologie. Alors ce que décrit Lacan dans la sublimation, n’est-ce pas simplement le phénomène de toute chose ?
Lacan dans son rapport à la psychanalyse, dans ce qu’il considère comme un objet qui s’assimile à la sublimation, étudie essentiellement les paradoxes des certitudes amenant à chacun de se repositionner continuellement, de manière infinie, en remettant en cause la morale mais en percevant qu’elle est nécessaire, en considérant ce qui est bon n’est pas toujours bien, qu’il peut provenir du mal, que l’éthique de la psychanalyse pourrait se définir par la Chose, quelque chose que l’on ne peut vraiment représenter, une certitude dans l’incertitude mais en gardant toujours le cap sur la remise en cause de soi-même en prenant compte l’histoire du sujet, son rythme, ses obstacles et une volonté d’éclaircir la situation selon la perception, de celle de l’autre, celle du sujet. Mais Lacan reste dans un désir d’être plus proche que l’autre, d’être plus proche de la Chose que n’importe quel autre, de savoir plus que l’autre, d’être plus que l’autre, mais n’est-ce pas quelque part l’entité même du désir de la sublimation…
La sublimation et certains mécanismes de défense.
Freud a décidé pour certaines raisons que nous n’évoquerons pas ici, de positionner la sublimation dans la catégorie des mécanismes de défense. On peut notifier qu’il s’agirait d’un rapport à l’objet qui va beaucoup plus loin que le rapport habituel entre le sujet et l’objet. Afin de maintenir cet objet dans son rapport sublimé, le sujet utilise d’autres mécanismes de défense pour consolider celui de la sublimation. On pourrait évoquer l’idée que l’amour entre le parent et l’enfant est une relation primitive, nécessaire à son existence, archaïque et que le passage à la sublimation est la transformation diffuse de l’amour, d’un objet qui appartenait à la matière et qui appartient maintenant à l’imaginaire symbole de la création. Et dans l’idée de création, c’est l’idée même de partir du Réel pour rajouter un peu plus que ce que l’on avait avant, une substance encore inconnue des autres où l’on veut à tout prix qu’elle soit prise en compte par ces autres, ceux là-même qui ont donné la valeur valorisante de l’objet. Une caractéristique qui amène à la conclusion de définir celle-ci comme répondant bien au principe de réalité, mais peut-on réellement parler de valeur quand on parle de principe de réalité, rien ne semble moins sûr, parfois oui, parfois non, tout dépend de là où on se situe, que sa propre réponse a pour destinée que ce qu’elle représente dans chacun d’entre nous et rien d’autre.
Observons celui du refoulement avec la sublimation. Le refoulement a lieu au départ, juste avant l’apparition de la sublimation, lorsque l’enfant comprend l’interdit de l’inceste et se détache de l’objet, celui de la mère ou du père. Lors de cette période, l’enfant refoule le ça pulsionnel qui se dégage de lui pour laisser et accepter le parent du sexe opposé prendre la place qui lui est due. Puis en se détachant de l’objet pour se diriger vers un objet de substitution, le refoulement devient la réaction qui va permettre d’intégrer l’objet dans un rapport sublimé. Le ça prend une autre expression, le refoulement disparaît. Ce qui ne signifie pas que le refoulement n’est pas présent à d’autres endroits d’expressions de la sublimation. Le mécanisme de défense de la sublimation dans sa construction est celle, après l’installation du surmoi, après un refoulement, devient en second lieu une formation réactionnelle.
La substitution est le mécanisme de défense qui permet d’accéder au phénomène de la sublimation, lors de la fin du complexe d’Œdipe lorsqu’elle a lieu. C’est ce qui permet de changer de but en utilisant une énergie libidinale désexualisée par l’utilisation d’un autre mécanisme de défense simultanément, celui du déplacement qui constitue une relation à l’objet différente, provoquée par le changement d’objet. La sublimation, en renonçant à l’inceste va se déclencher. Le sujet va rechercher la même intensité avec l’objet mais ne va pas pouvoir l’acquérir car on ne peut retrouver la relation proximale et ce désir de posséder l’objet souvent représenté par la mère. Mais c’est aussi cette illusion, dans sa persistance, qui va permettre de faire durer la relation du sujet à l’objet par la sublimation. Ce phénomène, celui d’avoir l’illusion de pouvoir posséder l’objet « la mère » est simplement un désir inconscient du petit enfant. Cette illusion, il va la chercher ailleurs sans jamais parvenir à la retrouver et cette pulsion ne peut décharger sa tension car l’objet n’est jamais atteint. Cela est paradoxale mais l’illusion de pouvoir y parvenir permet de maintenir l’énergie libidinale de l’objet de sublimation si elle reste à une distance raisonnable du moi.
Selon Mélanie Klein, amour et haine se succèdent pulsionnellement telle une spirale enchevêtrée à l’intérieur du sujet face à l’objet qui se caractérise par une position du sujet face à une religion, une profession valorisante, un art. L’objet va cristalliser chez l’individu tout le besoin de décharger son agressivité. Même si ces sentiments se caractérisent dans l’âge adulte, leurs genèses se situent dans la phase de la petite enfance lorsque nous étions capables de haïr et d’aimer nos parents. Elle écrira dans L’amour et haine, (12) « le travail des hommes de loi, de ceux qui s’occupent de politique, des critiques, implique que l’on combatte des opposants mais d’une manière qui est ressentie comme permise et utile…dérivent des situations affectives anciennes… » D’après elle, il existe différentes façons d’exprimer son agressivité et sa haine, comme l’exemple de l’homme de loi, tout en sublimant l’objet et parallèlement, ces mêmes personnes sont capables d’être bienveillantes. Le sujet saisit un objet de substitution comme mécanisme de défense en devenant homme de loi, un métier à connotation valorisantes, celui de réparer, de provoquer du bien en condamnant un autre, de décharger sa tension d’agressivité. Le désir de justice peut être considéré comme un objet sublimé qui peut amener l’individu à un état de sublimation pour y accéder. Il n’y a pas d’amour sans haine et vice-versa. La substitution a pour objectif de se canaliser sur un objet qui remplace l’objet initial afin de décharger sa tension initiale mais le déplacement va remplacer et former un destin différent de la pulsion, celle de la sublimation en substituant sa « haine » en objet d’amour, celui de défendre et de rendre la justice. Sa haine est aussi un déplacement d’une autre haine suffisante, cumulée, associée à un sentiment de culpabilité qui va se confondre avec celui d’aimer et d’être aimé telle une spirale menant à la sublimation.
La fantasmatisation de pulsions est la représentation d’un scénario imaginaire. La situation, l’action, la perception de ce que l’on reçoit ou ressent dans le réel va avoir une détermination dans la caractérisation du fantasme chez le sujet, on ne choisit pas son fantasme, on le subit dans l’inconscient, c’est d’ailleurs la résultante inconsciente de la situation consciente. On le combat ou on le développe, cette partie constitue la partie consciente de l’affaire. Je dirais même que c’est la partie qui surgit après une certaine accumulation, sans doute de ne pas pouvoir accéder ou de ne pas vouloir établir une relation avec la matière, la chair. Cette partie demande une énergie libidinale importante. Sa production, la forme qu’elle prend est très enrichissante sur la situation du sujet face à lui-même. L’idée du fantasme est bien présente dans la perspective lacanienne dans sa relation avec l’amour, avec la femme. Il choisit la référence à l’amour courtois dans son enseignement dans Le Séminaire VII, L’Éthique de la psychanalyse. En s’appuyant sur celle-ci, pour mener sa recherche sur la question de l’amour et du rapport entre les sexes, la femme aimée est mise en position d’objet sacrée par rapport à son prétendant. Cet érotique de l’amour courtois est une stratégie amoureuse de la retenue, marqué par le respect de la dame idéalisée comme objet féminin, interdite et inaccessible reposant sur une sublimation de l’amour, faite d’obstacles inventés et consentis. L’objectif de cette sublimation est l’idée et non le but. Lacan élargit la définition de la sublimation sans la contredire. L’amour courtois n’a pas accès à la jouissance mais ce qui le sublime c’est ce chemin qui mène à elle. Un fantasme où la pulsion s’exprime dans toute sa dimension derrière toute sa poésie, ses formes tout en la gardant hors de portée.
L’identification projective est un concept élaboré par Mélanie Klein, un développement qui s’appuie sur le concept de Freud dans son rapport à la projection et l’identification. L’identification projective consiste pour le sujet de s’approprier à l’intérieur de soi, sans que le sujet en ait conscience, les traits de caractère perçus comme des qualités de l’autre ou au contraire de lui en attribuer les bienfaits. Tout cela permettrait de se débarrasser inconsciemment de certains aspects de son propre psychisme mais aussi de pouvoir s’approprier des qualités de l’autre. La projection et l’introjection opèrent simultanément. La sublimation utilise parfaitement ces propriétés afin d’accéder à l’objet de sublimation. Le sujet en utilisant l’énergie libidinale propulsé par la sublimation utilise différents modèles d’identifications pour pouvoir préserver et continuer à sublimer l’objet. Le sujet dans la relation à l’objet afin de préserver l’image en liaison à la création, s’appuie sur des représentations idéales en lien à cet objet, sur lesquels le sujet se projette dans un désir d’identification à ces reconnaissances valorisantes, figure emblématique nécessaire à l’objet de la sublimation.
Mélanie Klein souligne l’importance de la sublimation dans son rôle de réparation chez certains sujets, des petites filles qui ressentent des angoisses persécutives alternées avec des sentiments conséquents dépressifs et culpabilisants notamment dans leur relation conflictuelle avec la mère dans la petite enfance. Elle établit un rôle de résilience où la petite fille dans sa représentation fantasmagorique se sent grandement en difficulté permet par la sublimation de redonner vie à l’objet dans une dimension réparatrice et bienveillante à son propre égard, (13) « L’importance de cette tendance, étroitement liée comme elle l’est avec les sentiments de culpabilité, réside aussi dans la contribution majeure qu’elle apporte à toutes les sublimations et, de cette façon, à la santé mentale. »
Il semblerait pertinent de ne pas tomber dans la confusion de la sublimation et celle de l’idéalisation. Freud constate et souligne dans son œuvre, Pour introduire le narcissisme (1914) que (14) « La formation d’idéal augmente, comme nous l’avons vu, les exigences du moi, et c’est elle qui agit le plus fortement en faveur du refoulement ; la sublimation représente l’issue qui permet de satisfaire à ces exigences sans amener le refoulement. » L’idéalisation garde l’objet et le sujet agrandit sa représentation de l’objet par une admiration psychique, une excitation, une identification intense. La sublimation garde tout de même le même processus que la pulsion et l’idéalisation mais la nature de l’objet est déplacée dans le chemin et le but. L’idéalisation semble se former une fois la sublimation établie et non dans sa formation. Elle participe au maintien de l’objet chez le sujet en « état de sublimation » de l’extérieur et permet au sujet de produire une énergie, celle de la sublimation.
Conclusions et limites et dangers de la sublimation
La sexualité se construit de manière partielle avant d’être pouvoir vécue dans sa globalité, là où l’utilisation des différents mécanismes de défense amène à la sublimation où la caractéristique principale se précise dans le mouvement et non le but tout en ayant la nécessité d’en avoir un pour avoir accès au mouvement. Une tension qui ne descend pas vers son seuil basique qui a pour but de ne pas pouvoir l’atteindre, le contraire la désagrègerai d’ailleurs d’elle-même telle l’idéal du moi qui deviendrait un moi idéal. Un mécanisme de défense qui demande énormément d’énergie libidinale. Là où le danger se profile, c’est qu’elle dépend essentiellement de la vision de l’autre, et par son nombre, est bien plus forte que celle du sujet lui-même. Et à travers la sublimation, on parle du rôle prédominant de la reconnaissance. Car sans cette reconnaissance, il n’y a plus de sublimation. Si l’objet sublimé n’a pas de reconnaissance, son destin semble voué à échouer dans sa destinée. Et là est tout le paradoxe, la création doit-elle être source de reconnaissance, en quoi cette reconnaissance comporte un danger et éloigne le sujet dans l’essence même à cet objet, cette essence que Lacan pourrait nommer comme le Das Ding. La sublimation n’a-t-elle pas un destin tragique, celui de dépendre du bon vouloir de l’autre de le reconnaître ou pas. La sublimation à mesure qu’elle s’émancipe à travers le temps n’a-t-elle pas la confusion de se confondre avec autre chose qui n’appartient pas au sujet, une confusion dans l’illusion de sa représentation ? Mais parle-t-on de sens ou de reconnaissance, de reconnaissance ou de pouvoir ? Je prends pour principe que la sublimation, à mesure qu’elle s’exprime dans le temps, que son espace s’élargit à l’intérieur du sujet, qu’elle raisonne dans l’autre, peut élargir simultanément la névrose du sujet qui comporte la véritable problématique en la fuyant vers l’illusion de ce qu’apporte la sublimation. L’objet de la sublimation peut cacher cette névrose originelle qui peut s’expliquer lors du complexe d’Œdipe mais qui peut comporter un danger réel, celle du renoncement à la matière, celle qui semble inaudible au monde des valorisants mais qui constitue l’essence même de l’importance de la vie de chacun de nous, une vie avec nos proches avec ce partage simple, à peine audible dans le monde mais qui raisonne dans son intensité et son authenticité par sa profondeur et non celle de la représentation tragique, celle du lien éphémère et pourtant euphorisant, reconnaissant, jouissif et surtout bruyant par son nombre qui peut raisonner à l’intérieur du sujet menant au destin névrotique à connotation pathologique de la sublimation. Mais rassurons-nous, il s’agit encore une fois de savoir gérer la névrose, celle de la sublimation, en comprenant ses avantages et ses inconvénients, en sachant la modérer, quelque part, pouvoir diminuer son élévation.
La sublimation se construit lors de la sortie du complexe d’Œdipe dans la période de latence. Elle prend toute sa dimension lors de la période de l’adolescence. Face à l’objet où l’adolescent prend et émancipe l’objet de sublimation, l’adolescence grandit parallèlement où la sublimation s’émancipe pour prendre une dimension encore plus grande à l’intérieur du sujet. Elle permet au sujet d’écarter les autres préoccupations et celui-ci se concentre, se mesure, désire se mesurer, progresser, et se concentrer sur l’objet. La valorisation prend toute sa dimension et le sujet s’y engouffre, l’idéalisation prend le relai pour intensifier son rapport à l’objet. Le sujet prend toute la dimension d’être revalorisée, reconnu par les autres et lui procure une plus grande motivation. Dans certains cas, comme celui de l’art, la sublimation prend le relai et contredit la position du sujet qui pourrait tomber dans une position dépressive. La poésie, la peinture permet au sujet de s’émanciper et contrebalancer la position dépressive du sujet face aux difficultés que l’adolescence peut déclencher face aux autres objets extérieurs, notamment dans son rapport à ses pulsions sexuelles. Dans le monde de l’adulte, la sublimation continue de prendre son essor. On peut constater au cours du parcours du sujet une alliée, celle de l’idéalisation qui permet à l’individu de perdurer son besoin d’identification et d’augmenter son énergie subliminale. Une fois arrivé à son apogée, face à la reconnaissance acquise, la sublimation peut rencontrer une position de toute puissance, une omnipotence, une situation où le sujet peut se confondre à un état de moi idéal. Les névroses enfouies au cours du parcours peuvent alors ressurgir et l’équilibre du moi et du ça se retrouve mis à mal, les pulsions sexuelles ressurgissent et l’état du sujet sublimé se désagrège pour faire apparaître un état dépressif, parfois la réapparition de l’angoisse et la névrose parfois pathologique peut s’exprimer dans des dérives sexuelles et comportementales. Le sujet s’est fait aspirer par la valorisation pour se reconnaître dans une toute puissance, en dehors du principe de réalité, dans un principe du plaisir. Mais une question se pose alors, la sublimation est-elle réellement un déplacement sous forme de réaction où un refoulement, constitue-t-elle un ressenti illusoire, celle de ne pas avoir pris le temps de travailler l’essence même des névroses du sujet. Une « chose » est sûr, pour que la sublimation subsiste dans un équilibre à l’intérieur du sujet, il va falloir apprendre à la gérer et ne pas tomber dans le piège des valorisants, de ceux-là même qui ont favorisé une résonnance à son discours lui permettant au sujet même de pouvoir s’épanouir à travers la sublimation, afin que celui-ci ne se perde pas en route. Sans vouloir assimiler la sublimation à une quelconque conclusion catégorielle afin de ne point réduire le sujet, le danger même du diagnostic, il semblerait opportun pour le sujet de comprendre les névroses sous-jacentes, celle qui sont refoulées et qui n’ont pas reçu de formation réactionnelle. Dans la plupart des cas cliniques pour ne pas dire plus, j’ai pu constater que l’abaissement de l’énergie subliminale amenait le sujet vers une position dépressive, une angoisse et une énergie libidinale dirigée vers une sexualité perverse. Cette constatation s’appuie sur des personnes comme des hommes et femmes de sciences, des évêques, des artistes de grandes renommées, homme et femme politiques, juges, etc. La sublimation peut cacher derrière un rapport à la sexualité à caractère perverse. Il n’y a aucune valeur de jugement, simplement une constatation d’observations cliniques. La sublimation à la vertu d’éloigner le sujet à répondre à ses pulsions sexuelles mais à un certain moment il peut y avoir un danger de retour du refoulé sans que le sujet puisse y renoncer ou avec une grande difficulté. Ce qui ne veut pas dire que la sublimation ne doit pas être vécu, mais la notion de déni et de refoulement comme mécanisme de défense doit-être réabordée et la position du sujet dans son rapport à l’autre et lors de sa construction doit être travaillée. Il paraît important que ce qui entoure la sublimation, le non-dit, la question centrale sera le rapport du sujet à la sexualité comme point de départ, notamment dans le scénario du fantasme pulsionnelle qui comporte une richesse d’information dans sa position et son rapport à l’objet(l’autre) pour repartir dans le temps et comprendre comment elle s’est construite en étudiant l’histoire du sujet. Cependant, de nombreux sujets qui vivent leurs sublimations n’ont pas eu le besoin d’effectuer un travail thérapeutique et peuvent ne pas être assimilés à ce cadre d’observations cliniques. Une question se pose cependant, quelle est la relation du pouvoir dans la sublimation et quelles en sont les répercussions chez le sujet ? Il est certain, afin d’éviter au maximum les dangers ou les dérives, le rapport de l’ouverture, d’une vision non absolue de la sublimation dans le rapport sujet- objet, d’une bienveillance, de comprendre que la dérive n’est jamais éloignée de chacun d’entre nous, sont les conditions qui préserveront l’individu dans l’expression de sa sublimation.
Bibliographie
- Sigmund Freud, 1905, Trois essais sur la théorie sexuelle, Editions Payot et Rivages, p.50
- Sigmund Freud, 1905, Trois essais sur la théorie sexuelle, Editions Payot et Rivages, p.224
- Sigmund Freud, 1905, Trois essais sur la théorie sexuelle, Editions Payot et Rivages, p.225
- Sigmund Freud, 1923, Le moi et le ça, Editions Payot et Rivages, p.73
- Sigmund Freud, 1923, Le moi et le ça, Editions Payot et Rivages, p.70
- Sigmund Freud, 1923, Le moi et le ça, Editions Payot et Rivages, p.75
- Sigmund Freud, 1923, Le moi et le ça, Editions Payot et Rivages, p.80
- Sigmund Freud, 1923, Le moi et le ça, Editions Payot et Rivages, p.80
- Jacques Lacan, 1959-1960, L’éthique de la psychanalyse, Le Séminaire VII, Editions du Seuil, 1986, p.152
- Jacques Lacan, 1959-1960, L’éthique de la psychanalyse, Le Séminaire VII, Edition du Seuil, 1986, p.258
- Jacques Lacan, 1960-1961, Le transfert, Le Séminaire VIII, Edition du Seuil, p.13
- Mélanie Klein et Joan Rivière, 1937, L’amour et la haine, Editions Payot et Rivages, p.98-p.99 13.Mélanie Klein, Le transfert et autres écrits, 2001, textes traduit de Claude Vincent, Laplanche, édition Puf, p.41 14. Sigmund Freud, 1914, Pour introduire le narcissisme, Laplanche, édition Puf, p.99