Peur, angoisse, crise d'angoisse, inconscient et psychanalyse

L'angoisse est un état émotionnel caractérisé par une appréhension intense, une inquiétude et une peur diffuse. Elle peut se manifester à différents niveaux, allant d'une légère inquiétude à une angoisse sévère et invalidante. Les causes de l'angoisse peuvent être multiples, allant de facteurs biologiques et génétiques à des facteurs environnementaux et psychologiques tels que le stress, les traumatismes passés ou les conflits internes.

Dans le cadre de la psychanalyse, l'angoisse est considérée comme une réponse aux conflits internes et aux défenses psychologiques mises en place pour les gérer par le sujet lui-même. L'angoisse est liée à la confrontation avec des désirs refoulés ou des pulsions inacceptables. Elle distingue deux types principaux d'angoisse : l'angoisse de réalité et l'angoisse névrotique.

L'angoisse de réalité fait référence à la peur ressentie face à des dangers ou des menaces externes réels. Par exemple, avoir peur des situations dangereuses ou des événements traumatiques peut déclencher ce type d'angoisse.

L'angoisse névrotique, en revanche, est liée à des conflits internes et à des désirs refoulés. Selon la psychanalyse, ces désirs refoulés cherchent à se frayer un chemin vers la conscience, ce qui peut entraîner une angoisse accrue. Par exemple, des angoisses liées à la sexualité, à la culpabilité, à la perte d'objets d'amour ou à la peur de l'abandon peuvent provenir de ces conflits internes.

La psychanalyse propose des techniques thérapeutiques pour explorer et résoudre ces conflits inconscients et ainsi réduire l'angoisse. Parmi ces techniques, on trouve la libre association, l'analyse des rêves, l'interprétation des lapsus et des actes manqués. Le but de la psychanalyse est de rendre conscient l'inconscient, de comprendre les origines profondes des symptômes et de promouvoir un changement psychologique durable.

 

La peur, une émotion différente de  l'angoisse

Ce sont deux concepts distincts, bien qu'ils soient souvent liés sur le plan émotionnel. Voici les principales différences entre la peur et l'angoisse :

La peur est une émotion spécifique, généralement déclenchée par une menace immédiate et identifiable. Elle se manifeste face à un danger réel et concret, comme la peur d'une situation dangereuse ou d'un prédateur. En revanche, l'angoisse est une émotion plus diffuse et générale. Elle est souvent moins liée à une menace précise et peut être moins facilement identifiable.

Elle est souvent dirigée vers un objet, un événement ou une situation spécifique. Par exemple, on peut avoir peur des hauteurs, des araignées ou des espaces clos. L'angoisse, en revanche, peut être plus difficile à cerner et peut se manifester de manière plus générale, sans être liée à un objet précis.

Elle est généralement une réponse émotionnelle aiguë qui survient en présence de la menace et peut diminuer rapidement une fois que la menace a disparu. En revanche, l'angoisse peut être plus persistante et durer plus longtemps. Elle peut être présente même en l'absence de menace immédiate et peut se prolonger pendant des longues périodes.

La peur est souvent une émotion intense et vive, caractérisée par des réactions physiologiques marquées, telles que l'accélération du rythme cardiaque, l'augmentation de la transpiration et une vigilance accrue. L'angoisse peut varier en intensité, allant d'une inquiétude légère à une angoisse plus intense, mais elle n'est pas nécessairement accompagnée de réactions physiologiques aussi fortes que la peur.

C'est une émotion adaptative qui nous aide à réagir face aux menaces réelles et à nous protéger. Elle peut activer nos mécanismes de défense et nous inciter à prendre des mesures pour éviter le danger. L'angoisse, en revanche, peut être moins clairement adaptative et peut parfois être déconnectée d'une menace réelle. Elle peut être associée à des préoccupations anticipatoires, à des sentiments d'incertitude ou à des conflits internes non résolus.

 

Différence entre état "crise d'angoisse" et état "angoisse"

La différence entre un état de crise d'angoisse et d'angoisse en général réside principalement dans leur intensité et leur durée mais aussi sur leurs caractéristiques bien distinctes. . 

L'état d'angoisse est une émotion d'inquiétude, de peur ou d'appréhension diffuse qui peut être présente sur une période prolongée. Elle peut se manifester sans "déclencheur spécifique" mais attention, tout de même "suite à un déclencheur que je considère comme catégorielle et être associée à des pensées anxieuses, des préoccupations excessives, une tension interne et une anticipation négative. L'angoisse peut varier en intensité, allant d'une légère inquiétude à une angoisse plus intense, mais elle est moins intense que lors d'une crise d'angoisse car elle n'a pas encore de symptômes physiques flagrants.

Prenons cet exemple. Une personne devient anxieuse suite à une mauvaise nouvelle. Le déclencheur est la mauvaise nouvelle. L'anxiété représente à ce stade une inquiétude, reliant l'objet au sujet. Le sujet, à ce stade considére que la mauvaise nouvelle représente le déclencheur. Quand on parle d'inquiétude, il a entièrement raison. mais quand on parle d'angoisse, la problématique devient différente. Le sujet suite à cette mauvaise nouvelle provoque des pensées incontrôlables, qui font patie de l'inconscient même s'il en a conscience l'amenant à un état "d'angoisse". Quelques jours plus tard, il reçoit une autre mauvaise nouvelle,et là, à nouveau, l'état d'angoisse se redéclenche. La mauvaise nouvelle n'a rien avoir à la première. Les déclencheurs vont être "les mauvaises nouvelles" mais non l'objet en lui-même. L'objet devient un prétexte pour déclencher l'angoisse, mais lorsque l'objet change, l'état d'angoisse continue de fonctionner à chaque nouvelle perçue comme "mauvaise" par le sujet. L'état d'angoisse fait alors partie du processus psychique du sujet. Le déclencheur n'est plus un seul objet, mais une catégorie perçue par le sujet, celle de "mauvaise nouvelle". 

Une crise d'angoisse, également appelée attaque de panique, est une manifestation plus intense et soudaine de l'angoisse. Elle est caractérisée par l'apparition soudaine d'une peur intense ou d'un malaise extrême, accompagnée de symptômes physiques et cognitifs marqués. Les symptômes peuvent inclure des palpitations, une accélération du rythme cardiaque, des sensations de suffocation, des tremblements, des étourdissements, des douleurs thoraciques, des sensations de perte de contrôle ou de mort imminente, des sensations de déréalisation (sentiment d'irréalité) ou de dépersonnalisation (sentiment de détachement de soi-même). Les crises d'angoisse peuvent atteindre leur pic d'intensité en quelques minutes et diminuent ensuite progressivement. Les pensées catastrophiques n'ont pas toujours lieu lors de "l'état de crises d'angoisses", ce qui rend parfois obscure cet état, tout va très vite, les pensées, les sensations, tout est décuplée, les sensations sont si intense qu'il n'est pas possible de discerner quoique ce soit de manière distincte. Mais elle surgit à la suite "d'état d'angoisse", parfois en différée ou en cumulant plusieurs périodes "d'état d'angoisse". C'est sur ces états d'angoisses sans symptôme somatique qu'il faut élaborer la stratégie pour parer à l'angoisse.

 

En résumé, l'angoisse est une émotion plus générale et diffuse, qui peut être présente sur une période prolongée, tandis qu'une crise d'angoisse est une manifestation plus intense et soudaine de l'angoisse, caractérisée par des symptômes physiques et cognitifs intenses qui atteignent leur pic rapidement. Les crises d'angoisse peuvent survenir de manière isolée tel le trouble de panique. La crise d'angoisse est une étape postérieure de l'angoisse, elle constitue une aggravation de l'état d'angoisse par sa perception psychosomatique.

Notons qu'il soit fréquent que le sujet ressente des symptômes psychosomatiques de manière durable mais d'un intensité moins forte, dans ce cas précis, les pensées catastrophiques peuvent prendre leurs places, l'état d'angoisse s' entremêlent alors à l'état de crise d'angoisse moins intense que la crise de panique.

 

Inconscient et angoisse

L'inconscient et l'angoisse sont deux concepts clés en psychanalyse. L'inconscient fait référence à une partie de l'esprit qui contient des pensées, des désirs et des souvenirs refoulés, qui ne sont pas accessibles à la conscience immédiate. L'angoisse, quant à elle, est une émotion qui peut être associée à des conflits et des désirs inconscients non résolus.

L'angoisse peut être déclenchée lorsque les désirs refoulés de l'inconscient tentent de faire surface dans la conscience. Ces désirs peuvent être en conflit avec les normes sociales, les valeurs personnelles ou les croyances morales. Par conséquent, lorsque ces désirs refoulés menacent de se libérer, cela peut provoquer une angoisse intense.

L'angoisse est considérée comme un mécanisme de défense pour protéger la conscience contre les contenus inconscients potentiellement dérangeants ou menaçants. Ainsi, l'angoisse peut être utilisée pour maintenir les désirs refoulés hors de la conscience.

La particularité de l'angoisse, c'est que l'on ne la contrôle pas, elle fait partie de l'inconscient, même si on peut en avoir conscience, on ne la maîtrise pas. Tout l'enjeu sera de comment mettre en place pour le sujet une stratégie pour comprendre sa construction , apprendre à la gérer, élaborer tel un pare-feu psychique et comportementale pour ensuite la résilier.

Dans la perspective psychanalytique, le travail thérapeutique vise à explorer et à comprendre ces conflits inconscients et à aider la personne à faire face à l'angoisse associée. En mettant en lumière les contenus inconscients et en travaillant à leur intégration dans la conscience, il est possible de réduire l'angoisse et de favoriser un changement psychologique positif.