Le trouble obsessionnel compulsif modéré lié à l'angoisse non relié à un trouble de la personnalité d'ordre psychiatrique

L'angoisse peut provoquer un trouble du comportement de plus en plus présent qui peut devenir obsessionnel. Ces obsessions se présentent sous forme de pensées ou plus exactement d'imagerie de plus en plus insistantes et envahissantes associées à des émotions de plus en plus intenses traduitent par des impulsions incontrôlables qui amènent la personne à répéter mainte et mainte fois les mêmes gestes ou mots, un comportement répétitif dans votre quotidien, par exemple se laver les mains, ranger, nettoyer, vérifier, compter, répéter des mots en silence. Il en existe bien d'autres.

La mise en place inconsciente du trouble obsessionnel compulsif comprend la notion essentielle émotionnelle de l'angoisse dans sa centralité chez le sujet mais ce n'est pas le seul élément qui permette sa construction. Les éléments peuvent être multiples et diverses selon chacun comme par exemple l'identification de l'enfant à l'autre, l'adulte, dans la mise en place de son comportement ou même dans certains cas l'intelligence d'un point de vue cognitif. Je n'aborderai ici que l'angoisse, le lien commun à son développement dans l'intallation du trouble obsessionnel compulsif non relié à un trouble de la personnalité d'ordre psychiatrique.

Elle a pour but de calmer une angoisse devenue incontrôlable  dans le temps, elle envahit le sujet dans son quotidien. Dans la vie du sujet, cette angoisse grandit peu à peu dans le temps. L'angoisse se confond avec la personnalité de la personne, elle devient peu à peu une obsession compulsive où l'inconscient dirige le conscient du sujet. C'est plus fort qu'elle, elle répète les mêmes choses, même si elle s'aperçoit qu'il n'y a aucun aboutissement concret dans ce qu'elle effectue.  Le sujet s'aperçoit parfois que quelque chose d'anormal l'envahit malgré lui. Il réalise consciemment que son comportement est anormal, disproportionné, assimilé à une souffrance non comprise. Effectuer le rituel le calme momentanément mais ce besoin de vérifier, de nettoyer devient de plus omniprésent, oppressant, incontrôlable et prend de plus en plus de place dans sa vie quotidienne.

Je précise que je parle ici bien sûr de personnes qui souffrent de troubles obsessionnels compulsifs non associés à des troubles de la personnalité d'ordre psychiatrique. Dans le cas contraire, il est conseillé à la personne de se diriger vers un psychiatre pour déterminer un diagnostic médical adéquat.
Quelle est dans la plupart des cas la genèse de ce comportement ? La nature de la relation entre la mère et son enfant ou celui ou celle qui s'occupe quotidiennement de lui permette de répondre, de maîtriser les phénomènes d'inquiétude, de manque, de désir qui se présenteront à lui durant son enfance. Un enfant possède une maturation nerveuse à chaque étape de sa vie. Bébé, puis enfant, cette maturation nerveuse se développe plus ou moins bien selon l'attitude du caregiver. Cette maturation nerveuse possède des dispositions génétiques considéré comme des compétences innées favorisées ou non par le caregiver (dans la plupart des cas la maman). Mais pour se développer, elles ont besoin de son environnement.  D'un point de vue physique, les mères ou le caregiver régulent le système nerveux de leurs bébés et favorisent en eux le développement du contrôle de soi et de leur environnement.


Le bon fonctionnement de la mère ou du caregiver permet entre autre au système nerveux central du bébé de se développer de façon saine. Le bébé n'est pas capable de le faire seul sans l'aide du caregiver. Il n'a pas les compétences pour réguler ses propres émotions. Le bébé apprend à réguler ses émotions face au contact de celui-ci. Il est rassuré, le caregiver lui propose une structure qui lui apprend à réguler ses propres émotions. La maman et le l'enfant sont dans une relation de réciprocité primaire qui se développe par le toucher, l'alimentation, l'affection, les yeux, l'attention, le prendre dans ses bras, la parole, les échanges complices afin de proposer un équilibre de vie pour le bébé lorsque celui-ci se retrouve en demande.


Le bébé puis le petit enfant possède une indépendance dès sa naissance mais celle-ci est en relation étroite avec son caregiver. Il a, à juste titre, une relation que l'on pourrait assimiler à un état de dépendance à l'autre, dans les premiers temps avec son caregiver si l'on se positionne dans une perception d'adulte. Cet état proximal est nécessaire dans les premières étapes de la vie d'un petit être. Ces notions se complètent et permettent de développer son fonctionnement interne et la confrontation à son environnement l'amenant plus ou moins rapidement à une position sécure envers lui-même lui permettant d'assimiler plus simplement son environnement.


Le lien affectif créé par les soins raisonnablement réguliers de la mère est essentiel à la croissance émotionnelle saine et à l’incorporation future du bébé à la capacité de gérer ses propre émotions. Il va peu à peu, une fois rassuré par son caregiver, développer sa maturation nerveuse et prendre possession de ses propres fonctions et compétences en pouvant vivre de manière sereine et apaisante, de façon à maintenir un équilibre narcissique dans la confrontation avec ses émotions. Le développement de l'enfant apparaît  dans l’interaction réciproque avec un autre qui régule le soi.


Le caregiver angoissé peut avoir une attitude de surprotection, perfectionniste ou encore avoir  tendance à engager une relation hostile et critique vis à vis de leur enfant ou  bien encore en se protégeant l'enfant de l'Autre, caractérisé par le monde extérieur synonyme de danger. Les personnes sujet à des comportements obsessionnels compulsifs vivent généralement dans une ambiance familiale angoissante produisant à l'enfant une situation interne et externe insécure comme celui d'un comportement imprévisible dans la relation parent-enfant, d'où l'importance pour l'enfant d'avoir une régularité dans son fonctionnement quotidien dans le comportement de l'adulte accompagné d'une relation affective constante, prévisible, bienveillante auxquels cas l'inquiétude, le manque devient angoissant par l'absence de réponse ou celle-ci  peut ne pas être appropriée. Elle ne l'est pas lorsqu'elle n'est pas assimilée, provoquant une accentuation du manque émotionnel. Elle s'assimile alors à un danger pour le petit être. Les enfants dans le temps peuvent développer un comportement obsessionnel compulsif  lorsqu'il devient de jeunes adultes indépendants pour calmer leurs émotions devenues ultra angoissantes, n'ayant pas appris à les calmer d'eux-mêmes  dans l'absence d' accompagnement de l'adulte. Cette forme de relation si elle persiste durant l'enfance produit un  trouble profond et durable chez l’adulte constituant une tentative pour rétablir une relation de proximité rassurante à travers un contact non humain non établi dans l'enfance. Elle se caractérise de façon non humaine, apparaît donc au yeux du sujet et des Autres comme une aberration sans sens mais elle constitue et représente dans toute son entité l'angoisse du sujet, le manque relationnel rassurant avec son caregiver durant toute son enfance.
L'angoisse est très présente dans la présence psychique de l'enfant. Le jeune enfant perçoit le danger souvent comme provenant non de l’intérieur de la cellule familiale, mais de l’extérieur ; par exemple, il est persuadé que quelque chose de terrible va arriver à son caregiver, souvent la mère ou à un membre proche de sa famille quand il est seul chez lui et que sa mère est absente. L'idée de la mort, de l'accident du ou des caregivers est souvent très présente.
Généralement vers l'adolescence, il prend conscience qu'un comportement obsessionnel compulsif est en train de l'envahir, mal perçu par lui-même, augmentant ce sentiment d'angoisse qu'il palit malgré lui en accentuant son trouble telle une spirale infernale qu'il ne maîtrise plus.


Les troubles obsessionnels compulsifs entraînent souvent un sentiment de culpabilité et de honte. Cela nous conduit à dissimuler nos troubles à nos proches, à s'isoler et à se replier sur soi-même. Le "soi" ne peut plus s'exprimer, envahit par leurs troubles compulsifs obsessionnels. Il s'agit d'un déplacement, pour la personne, il s'agira de comprendre ce déplacement, son parcours et son cheminement.
Il n’est pas surprenant que la majorité des personnes atteintes d’un trouble obsessionnel-compulsif soient célibataires, incapables de faire suffisamment confiance à quiconque, c'est la raison pour laquelle elles sont plongés dans une relation très angoissante amenant à l'obsession avec leur activité mentale plutôt que de créer une relation avec autrui. Cette névrose devenue parfois pathologique n'a pas eu chez le sujet de contre-partie, elle s'est exprimée et s'est émancipée provoquant une souffrance de plus en plus forte et incontrôlable. L'environnement, le rapport à l'Autre n'a pas pu se construire de manière rassurante, bienveillante, protectrice, contrecarrant ce sentiment d'angoisse grandissant amenant le sujet à un comportement assimilé à un trouble obsessionnel incontrôlable, l'isolant peu à peu du monde extérieur, du rapport à l'Autre. Pour avancer, il va falloir qu'il comprenne son propre parcours mais aussi se construire peu à peu un univers rassurant avec l'Autre, pas à pas.