La psychologie cognitive s'intéresse essentiellement au développement de l'intelligence, la perception, la mémoire, le langage, le raisonnement qui sont inférés par l'observation des comportements. Les chercheurs des différents courants théoriques et conceptuels vont constater que l'être humain se développe à travers différentes étapes ou ce que l'on nomme "stade" au cours des deux premières décennies de leur vie. L'étude du développement, sa genèse constitutionnelle se constitue donc lors des périodes de l'enfance et de l'adolescence.
Jean Piaget, constructiviste, psychologue sans jamais l'avoir été d'un point de vue académique, étudia le développement des connaissances, de l'intelligence chez l'homme. Ses recherches, sur près de 60 ans, sont basées sur l'épistémologie génétique qui explique ou cherche à comprendre comment évolue notre intelligence et notre pensée tout au long de notre vie. Il conclut que le développement cognitif est la résultante d'intéractions complexes entre la maturation du système nerveux et l'interprétation de l'action sur l'objet. Ce qui lui paraît essentiel dans la notion de stade (différentes étapes d'apprentissage), ce ne sont pas les âges chronologiques mais les successions nécessaires. Il faut avoir passé le stade 1 pour parvenir au stade 2 et ainsi de suite.
Abraham Maslow, par exemple, focalise ses recherches d'un point de vue de la conscience du sujet sur l'apprentissage et le développement cognitif en se concentrant sur le comportement observable de l'individu de façon à caractériser comment il est déterminé par l'environnement. Il considère que l'intelligence se réduit aux habitudes acquises en adoptant une attitude empiriste. Il parlera de "l'inconscience compétence" où l'individu ne possède ni les compétences ni la conscience de ce manque de compétence. Dans la suivante,la personne prend conscience de son manque de compétence. Il possède assez de savoir et d'expérience pour percevoir qu'il n'est pas capable de réaliser ou de comprendre une règle ou une attitude. On appellera cela" la conscience incompétence". Dans la troisième étape, l'individu s'engage dans le processus conscient d'acquisition de la compétence manquante. La personne a atteint le seuil de savoir suffisant pour comprendre et communiquer sur un principe d'action, nommé"la conscience compétence". A la quatrième étape, l'individu atteint un stade ou la compétence est complètement installée et ne nécessite plus d'accompagnement, cité comme" l'inconscience compétence". La psychologie de Wallon consiste essentiellement à l'établissement et l'observation de différents stades de développement de la personnalité enfantine. Les deux variables principales sont l'affectivité qui comprend les sensibilités internes et orientées vers le monde social et la construction de la personne puis l'intelligence directement liées aux sensibilités externes et orientée vers le monde physique dans la construction de l'objet. Walon conceptualise son modèle à une loi d'intégration fonctionnelle. A chaque stade il y a une modification de la prédominance d'une dimension par la motricité, l'affectivité, la connaissance et la personnalité.
On parle de développement cognitif en l'associant à une étude longitudinale c'est-à-dire qu'elle se développe dans le temps. Mais peut-on parler de développement sans parler d'équilibre ou de pathologie ? Il est indéniable que d'un point de vue maturationniste, le développement se fait dans le temps mais son équilibre à un instant T se produit de manière transcendantale c'est-à-dire en largeur. C'est la distorsion entre 2 aspects cognitifs qui peut provoquer la pathologie chez le sujet . L'absence d'empathie, un schème cognitif non développé pourra s'émanciper parce que les schèmes cognitifs associés à l'intelligence sont développés d'où une autre forme de schème sera créé dans le sujet, l'intelligence froide et cruelle par exemple. L'équilibre entre les différentes cognitions est donc primordial. La norme est toujours celle du social, de l'ère du temps. Il n'existe pas de normes innées contrairement à la maturation du système nerveux de la cognition. C'est dans ce sens que j'appelle" équilibre". L'équilibre entre les cognitions est primordiale, la notion de plaisir et de souffrance permet de caractériser chez l'enfant ou l'adolescent l'état dans lequel s'effectue son développement. Un développement trop rapide comme un déficit dans un aspect peut provoquer un déséquilibre du système global cognitif. Mais la norme provoque une perception puis une sensation qui n'appartient pas directement aux systèmes de la cognition. Elle se situe dans l'adulte pour l'enfant et dans l'autre c'est-à-dire la société et ses représentations pour chacun d'entre nous.
La pathologie est caractérisée par un acte , une sensation, des émotions non contrôlées parce ce qu'elles sont non-contrôlables. Elle peut être consommée avec intelligence ou pas. Elle est caractérisée pathologique à juste titre car elle est néfaste pour soi-même ou pour les autres. Mais cela signifie-t-il qu'il s'agit d'un comportement hors de la norme? Qu'est ce que la norme? Pourquoi parle-t-on de développement dans la psychologie cognitive? La pathologie elle-aussi a un développement, elle ne peut rester statique, elle progresse dans le temps. La société actuelle développe malgré elle des conséquences pathologiques. C'est parce que je me développe que je peux créer des problématiques pouvant être considérées comme pathologiques . Seule la référence à la norme entre les différents développements cognitifs créent et facilitent l'émancipation de la pathologie. Est-elle source de souffrance ou de plaisir? A-t-on droit à ce plaisir? Comment savoir si ce droit est légitime ou pas ? Dans certains pays, la vision est considérée comme l'horreur et certains de nos comportements sont considérés comme dysfonctionnement par d'autres cultures. La vision collective remporte sur la singularité de l'individu. C'est la seule façon de pouvoir vivre dans une société organisée, un vivre" ensemble". Pourtant la norme sociétale provoquent dès l'enfance jusqu'à la fin de la vie de nombreuses souffrances pouvant favoriser le développement pathologique de l'individu. Dès l'école, nous avons une valeur hiérarchique représentée par un classement, des notes. Dans notre travail, nous avons aussi une hiérarchie non pas liée à notre capacité mais à la représentation singulière dans l'entreprise. Au sein d'une famille, un groupe de sœurs et frères vont se sentir plus ou moins aimés, rejetés, incompris. La notion de réussite est d'ailleurs assimilée à une comparaison donc un écrasement involontaire de l'autre. "Je suis plus que toi" ou "je suis meilleur que". Même dans le sport, qui se veut un endroit de plaisir et détente est dans le monde compétiteur une expression des prémisses de la souffrance.
En quoi son propre bonheur apporte une souffrance à l'autre. Exemple: l'épreuve sportive, un gagnant, un dernier. Le premier a le plaisir de battre l'autre et le dernier à la frustration de ne pas avoir été reconnu dans son effort et est considéré comme battu. En quoi trouver un poste dans un travail provoque du bonheur alors qu'un second par conséquence se retrouve sans emploi ou continue de l'être.
Différence entre norme, pathologie, souffrance, développement, bien-être ou équilibre paisible.
Dans l'enfance, il y a la période pré-verbale. Si la mère ou le caregiver représenté par l'adulte celui qui est de façon continue en relation avec l'enfant est dans un état de difficulté durable, ce dernier aura de grandes difficultés à vivre paisiblement et éprouvera de l'insécurité et parviendra difficilement à se développer sur le plan cognitif d'une manière stable et paisible. Face à une situation incompréhensible, lorsque l'enfant commence à parler, il faudra lui expliquer avec des mots adaptés à son âge car le silence est angoissant, développe par là-même, l'angoisse. Une explication trop précise par l'adulte d'une situation traumatisante peut causer de réelles dégâts pouvant provoquer de l'horreur dans l'imagination mentale chez l'enfant. Vers l'âge de 7 ans, quand l'enfant aura accédé à la représentation du temps, l'adulte pourra expliquer de façon plus précise la nature de l'événement traumatique, en adaptant toujours ses paroles avec l'âge de l'enfant. L'action de l'acteur de l'horreur est souvent associée à la folie, une façon de ne pas voir ou percevoir le processus psychique de cet individu, d'essayer de comprendre l'agresseur. Afin d'expliquer l'horreur, il est facile de l'associer à un dérèglement cognitif, un dysfonctionnement, cela en est pourtant très rarement le cas. Un acte considéré hors-norme en occident par exemple cachera et considérera sa pulsion comme destructrice et la vivra malgré lui, source de plaisir pulsionnelle tout en sachant qu'elle ne peut être autorisée ou assumée. Si nous regardons dans d'autres pays hors occident par exemple, certains actes ne sont pas considérés comme une position hors-norme, un acte hors la loi, un acte criminel. Elle est assumée, paisiblement, sereinement par l'acteur des faits. Pourtant dans les 2 cas, l'acte est le même mais la perception des autres est différente, normalisée ou considérée comme un acte criminel . Il y a tout de même un point commun entre les 2 situations, celui qui la subit. Dans les 2 cas, la situation pour l'enfant-être est traumatisante, ne pouvant être choisie, ayant des répercussions dévastatrices dans son rapport au corps, à sa sexualité, à l'autre. On aurait trop tendance à considérer que ce qui paraît être un acte inimaginable comme une pulsion de folie, un dysfonctionnement cognitif. La vérité est bien plus simple et complexe. De nombreuses personnes, malgré leur dérèglement cognitif, provoquant une impossibilité à vivre paisiblement dans le monde qui les entoure ne représente aucun danger envers les autres. Vladimir Poutine au nom de la morale associe des actes d'horreurs à autrui. L'empathie dans ce cas précis, la conscience des répercussions de l'acte est absente. On pourrait certainement dire la même chose de la présence et du comportement militaire de notre gouvernement dans certains pays. Elle est pourtant normalisée actuellement dans son pays et dans le nôtre. Elle est incompréhensible si elle passe par notre vision. Mais là encore, ceux qui subissent savent et connaissent l'horreur de leur souffrance. Dans cette donnée, nous sommes 3, celui ou celle qui subit l'agression, celui qui agit en tant qu'agresseur et l'autre qui représente la loi, la morale, le jugement, la société. Que ce soit l'agresseur ou l'autre, tout reste aléatoire, un monde plus ou moins réel selon l'ère du temps et la conjoncture géopolitique. Mais celui qui subit, qui n'a pas choisi ou qui n'est pas apte à subir l'acte de son agresseur est seul en mesure de parler de sa souffrance, de ses répercussions qui elle, est bien réelle.