Il a fallu s’adapter. Mon cabinet respecte les règles sanitaires en vigueur pour exercer paisiblement au sein de mon cabinet.
La distance, désinfecter les lieux après chaque patient afin de sauvegarder leur intégrité est ma première préoccupation. Pour ou contre, peu importe, il a fallu que je me vaccine en dû et bonne forme. J’en suis donc à ma 3ème vaccination. Pour moi, il est nécessaire que l'analysant et le psychanalyste puissent échanger sans la contrainte d’un masque. J’ai la chance de posséder un bureau assez grand pour respecter la distance sanitaire nécessaire au bon déroulement de la séance. Après chaque personne je désinfecte mon bureau, les chaises et mon divan ainsi que ma salle d’attente.
Un désinfectant est mis à disposition des patients avant et après la séance à leur convenance.
Pour les personnes qui redoutent d’aller à mon cabinet, pour des raisons qui leur appartiennent et dont je n’ai pas à juger, je propose des consultations en ligne afin qu’ils puissent poursuivre ou débuter leur travail thérapeutique en toute sérénité.
Peu après le 1er confinement, j’ai pu constater que l’arrêt total de nos repères par l’immobilisation, la restriction ou l’interdiction des déplacements ont projeté un certain nombre de la population vers un déséquilibre des repères quotidiens. Situation assimilée à l’immobilisme, la COVID19 peut renvoyer en effet aux difficultés enfouies en soi-même. La vie courante où l’action est souvent renvoyée à un besoin mais aussi à une fuite. Ce virus a provoqué et bouleversé nos certitudes, ébranlant nos égos, nos sublimations pour les sportifs ou pour ceux qui ont une relation de pouvoir avec leur travail entre autres, les plongeant dans un Moi mouvementé en relation avec le surgissement d’un ça omniprésent ne pouvant s’émanciper dans leur Surmoi. Nulle idée de jugement mais d’un constat. Pourtant, dans une société ou tout va plus vite, nous avions depuis fort longtemps l’opportunité d’avoir du temps, ce temps si précieux qui nous manque souvent, comme celui de partager avec nos proches, nos enfants ou notre partenaire. Je n’évoque pas bien sûr la partie indéniable de ceux qui ont perdu leur emploi, où les édifices de la pyramide de Maslow se sont effondrés, où les besoins existentiels comme celui de se nourrir s’en est trouvé affecté. La brutalité de l’évènement exprime d’une part une possibilité des difficultés d’adaptation. Le conditionnement de nos repères a pu influencer l’équilibre de certains. Le manque de perspective, d’horizon a eu pour conséquence un repli sur soi-même. Ce COVID19 a révélé où nous en étions, face à nous-même, dans la solitude pour certains, dans l’échange ou des conflits pour les couples et les familles pour d’autres. Avec cet arrêt brutal, le virus s’est révélé être une mise au point sur réellement où chacun de nous en étions dans la relation avec soi-même et autrui. Ce virus, malgré son danger et ses répercussions catastrophiques et malheureuses sur la santé, tout en déclarant que c’est une chose des pis regrettable mais qui est là, que nous n’avons d’autres choix que de le constater et de négocier avec, a la vertu de nous interroger pour ceux qui le désirent, sur la relation des émois intérieurs qui ont plongé certains d’entre nous. D’un point de vue psychologique et sociologique, force est de constater que ce COVID19 a développé dans notre société une recrudescence de l’individualisme au lieu de nous solidariser dans la difficulté. Le manque de perspective n’est pas étrangère à cette situation. La relation avec la maladie, celle qui est associée à notre liberté de bouger, puisque le virus est parmi nous, sans savoir réellement où il se situe tel un ennemi invisible, peut nous renvoyer à la certitude de nos fondamentaux, à la remise en cause de certaines libertés, celui de pouvoir agir ou peut-être fuir sans le savoir et sans doute pour certains, de nous renvoyer à nos névroses intérieures. Le conditionnement est inhérent à notre équilibre sans connaître le degré de celui-ci. Cette maladie impitoyable a nécessité une réadaptation après un reconditionnement de notre mode de vie. Facile à dire mais pas du tout évident dans la pratique. Le conditionnement précédent a été effectué sans notre consentement réel, mais le conditionnement n’est jamais choisi, on le reçoit, le subi pour certains, le rejette pour se marginaliser pour d’autres mais ces derniers restent minoritaires pour que la société puisse perdurer dans sa balance. Ceux qui vivent le mieux, dans un bien être, se l’approprient et en retirent les bénéficies personnelles. Ce conditionnement antérieur, il a été travaillé dès notre enfance, même s’il a été accepté tant bien que mal par beaucoup d’entre nous, il nous a procuré une certaine identité. Mais cette épidémie a la particularité de nous imposer un autre conditionnement avec une identité autre, différente d’où l’augmentation indéniable des troubles et des violences diverses et éparses que nous vivons en ce moment au sein de notre société occidentale. Pour bien vivre, une réadaptation de certains conditionnements comme la relation avec la liberté à soi-même et autrui vont être nécessaire pour bien vivre une nouvelle période de notre histoire.